[CRITIQUE] "Loveable » :s'aimer soi même pour aimer l'autre
Dans une histoire, on
ne montre pas tout de suite nos besoins les plus
profonds, on montre autre chose pour plaire,
pour être aimé. Quand on se dévoile enfin, alors
c’est le rendez-vous de deux traumatismes, tout
ce qui est derrière nous, tout ce qu’on a vécu
surgit. C’est là que les problèmes commencent.
J’ai vraiment voulu explorer cette matière psychologique.
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Et si on reparlait un peu de Loveable, ce très beau film norvégien de Lilja Ingolfsdottir vu lors des rencontres du sud et qui est enfin en salles depuis hier?
Lilja Ingolfsdottir adopte dans ce film une approche réaliste et nuancée, évitant les clichés pour offrir un portrait authentique d’une héroïne entière, sincère et bouleversante.
D'autres membres de la rédaction l'ont vu depuis notre premier article dessus, et y revenir dessus permet d'écrire l'article par le prisme d'une approche plus féministe.
Car ce film met en lumière la charge mentale souvent invisible que portent les mères, devant jongler entre les responsabilités professionnelles et les impératifs familiaux, sans forcément trouver le soutien nécessaire, à une époque où il faudrait tout gérer de front tout en étant une femme accomplie, vaste sacerdoce s'il en est.
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Cette pression constante conduit Maria à une forme d’épuisement émotionnel, reflet des injonctions sociétales à assumer des rôles multiples sans s’autoriser la moindre faille.
Ce film montre le plus difficile, celui d’un travail sur soi : rassurer cet enfant en nous, qui est parfois terrifié.
Loveable n’est pas contrairement à ce qu'on pourrait croire le portrait d'un couple qui se délite : c’est un film sur les cicatrices, sur le choix de panser plutôt que d’oublier, sur le courage de regarder en soi.
La réalisatrice norvégienne dépeint avec justesse cette réalité, soulignant les conséquences psychologiques de cette surcharge sur l’individu, sans tomber dans un manichéisme qui consisterait à décrier uniquement le comportement du mari, Sigmund.
Maria porte en elle le poids de la transmission, du soin, du sacrifice – figure mariale, archétype maternel. Sigmund, lui, convoque l’analyse, le refoulement, la rupture presque clinique.
Entre les deux, un espace flou où l’intimité se mue en terrain de projection.
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Dans cette introspection qu’elle entreprend sur le passé de son couple, Maria notamment va appréhender certaines scènes avec un œil nouveau, avec de nouveaux dialogues.
Dans ce film où les reflets ont une certaine importance, elle en arrive à se parler à elle-même, à se dire « je t’aime » face à un miroir. Maria est enfermée dans des rôles prédéfinis : mère, épouse, fille.
Le film questionne ces assignations et montre le cheminement nécessaire pour en sortir. La relation de Maria avec sa propre mère révèle des schémas intergénérationnels de comportement et d’incommunicabilité.
En se confrontant à ces modèles, Maria cherche à façonner son identité propre, libérée des attentes familiales et sociétales.
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En d'autres mots, Loveable est un film sur notre peur de l’abandon et aussi le désir de se reconstruire.
Lilja Ingolfsdottir signe un premier long métrage profondément humain, qui laisse des traces — comme un miroir qu’on ne referme pas tout à fait.
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⭐⭐⭐⭐⭐
Loveable
18 juin 2025 en salle | 1h 41min | Drame
De Lilja Ingolfsdottir |
Avec Helga Guren, Oddgeir Thune, Marte Magnusdotter Solem
Titre original Elskling
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