David Le Breton est anthropologue et sociologue. Spécialiste des représentations et mises en scène du corps humain et des conduites à risque chez les adolescents, il a déjà publié deux livres autour de l'éloge de la marche Marcher et Éloge de la marche.
Dans son dernier livre, Marcher la vie UN ART TRANQUILLE DU BONHEUR, qui vient de sortir chez Metailié, juste après le confinement, l'auteur nous rappelle dans le premier chapitre que dans les années 50, nous marchions en moyenne 7 km par jour et qu'aujourd'hui la distance parcourue à pied s'est réduite à 300 mètres en moyenne.
Les yeux rivés à nos écrans, nous avons inventé des machines pour transporter nos corps (tapis roulants, escalators, trottinettes électriques), réduisant le temps où nous sommes le propre véhicule de notre corps.
Est-ce en réaction, en rébellion ou cela s'inscrit-il dans un mouvement plus large de l'art de vivre en prenant son temps (slow food, slow tourisme) mais le chercheur affirme un engouement actuel pour la marche et dans son livre, en décline tous les bienfaits sur nos vies, illustrant son propos d'anecdotes vécues par des marcheurs célèbres (Sylvain Tesson, Simone de Beauvoir, Jack Kerouac...)
"La marche est aussi une rupture avec les exigences de rentabilité, d'efficacité, de rivalité."
" De surcroît, la marche est une activité physique sans compétition, toute entière dans la jouissance de l'instant."
On retrouve totalement dans les propos de cet essai, les petits bonheurs liés à la marche : celui de se perdre et de flâner plutôt que de suivre un itinéraire bien précis (lors de marches urbaines), l'émerveillement face aux surprises et à la beauté de la nature, l'impression de se confondre avec le paysage, l'effet que procure la marche sur le mental :
"La mise en mouvement du corps est une mise en mouvement d'une pensée qui se libère des impasses où elle se tenait"
Pas d'idéalisation (David le Breton consacre un chapitre aux dangers auxquels les marcheurs font face : accidents, corps qui les lâchent, météo capricieuse, animaux dangereux..) mais un éloge de la lenteur car "Marcher, c'est d'abord savoir s'arrêter, regarder, prendre son temps".
Le chercheur cite aussi des associations qui font le pari de réinsérer des jeunes en rupture grâce à la marche. Marcher pour se réinventer!
Marcher la vie, un art tranquille du bonheur /Editions Métaillié/ 28/05/2020