A la première étoile : le jeu de piste mental d'Andrew Meehan
«Je savais que c’était la France parce qu’on m’avait dit que c’était la France, mais j’avais la certitude de n’être pas d’ici. Mes dents avaient la couleur du papier sulfurisé, il était donc peu probable que je sois américaine - c’était une chose."
Eva, la protagoniste de "A la premiere étoile", premier roman traduit en français de l'irlandais Andrew Meehan, souffre d’amnésie rétrograde après un traumatisme.
Visiblement irlandaise, on la retrouve au début du roman dans un restaurant parisien où elle travaille apparemment comme aide cuisinere auprès d'une certaine Ségo, une cheffe qui lui sert aussi de protectrice -
Si elle a survécu à ce traumatisme du passé , ses souvenirs eux n'y ont pas échappé. Ils ne remontent qu' aux six derniers mois.
Comment a t- elle atteri dans ce Paris sans aucun repère ni attaches? Au cours d’un été particulièrement chaud, elle va tenter de résoudre le puzzle émotionnel de sa vie jusqu’à présent.
Le personnage de l'amnésique fonctionne généralement très bien dans les thrillers où un personnage doit tenter de comprendre avec le lecteur ou le spectateur qui lui en veut et pourquoi.
"A la première étoile" n'est pas vraiment un polar, mais plutot une plongée psychologique, plutôt légère- les réflexions de notre anti héroines ne sont pas dénuées d'un certain humour- dans un esprit particulièrement tortueux et fragmenté qui est persuadée que l'amour d'un homme pourra lui réparer sa mémoire défaillante .
Conte de féés tout en rupture de tons, alternant les hauts et le bas à chacune des révélations qu'Eva apprend sur son passé, "A la première étoile" est un récit fracturé, où l'on navigue dans la conscience d'une jeune femme en perte totale de repères.
Le lecteur peut s'y sentir parfois un peu perdu, souvent également un poil surpris de voir que le jeu de piste mental d'Eva ne nous amène pas là où il aurait pu penser aller .
On peut facilement se sentir un peu dérouté, mais on peut aussi saluer l'ambition du projet ainsi que le talent de la traductrice Elizabeth Peelaert, qui a certainement eu fort à faire avec un style et une construction narrative particulièrement alambiqués et recherchés.
Andrew Meehan A la première étoile Traduit de l’anglais (Irlande) par Elisabeth Peellaert. Joëlle Losfeld, 314 pp., 22 € (ebook : 15,99 €).