Un enlèvement : François Bégaudeau tire à boulets rouges sur les bobos modèles
"La famille nombreuse et bruyante ne séjournait sans doute pas à Royan. Elle était venue pour la journée et repartirait ce soir dans une voiture à moteur diesel. A moins d'avoir loué un studio sans terrasse ni même balcon en périphérie nord."
Le dernier roman à ce jour de François Bégaudeau Un enlèvement est paru chez Verticales en cette rentrée littéraire 2020 .
Dans cette satire sociale l'auteur d'entre les murs dégomme tendrement la famille bourgeoise typique qui va passer ses vacances d'été à Royan.
Toute la famille semble représenter le modèle familial bourgeois incarnant la réussite sociale exemplaire, ne serait ce le fils, en CE1 l'année prochaine qui refuse d'apprendre à lire et.c'est alors toute la famille qui semble vaciller.
"Un enlèvement" est un roman assez jubilatoire, tout comme l'écriture de Bégaudeau, petite musique véritablement jouissive.
On pense pas mal au Broadway de Fabcaro- en moins drôle toutefois et en plus cinglant- qui sortait en meme temps avec là encore un homme de 45 ans qui, semble perdre ses repères et à travers lui tout un modèle sociétal qui s'écroule.
C'est avec un ton mordant et souvent ironique- mais qui échappe au cynisme dans lequel on l'a souvent enfermé- que François Bégaudeau observe ses protagonistes s'ébattre et s'abattre.sous fond de disparition- l'enlevement du titre- d’un fils de la haute société de la région.
Bégaudeau pousse les curseurs au maximum les mauvais travers de ces bourgeois bien pensants, moralisateurs et ultra connectés et c'est vraiment plaisant et assez défoulatoire à lire.
Un enlèvement de François Bégaudeau, chez Verticales.