Baer/ Frémaux/ Zacaï : Trois grands noms du 7eme art se piquent de littérature
Les personnalités francophones du 7eme art ont des veilléités d'écriture en ce début 2021, sans doute pour pallier les fermetures des scènes de spectacle et salles de cinéma .
Car après Ariane Ascaride et Sarah Biasini, dont on a déjà parlé, voici que Thierry Frémaux, Jonathan Zaccai et Edouard Baer viennent aussi à l'assaut des librairies.
Rapide tour d'horizon sur ces trois publications qu'on a eu la chance de découvrir ces dernières semaines :
1/ Les élucubrations d'un homme soudain frappé par la grâce; Edouard baer ( Editions du Seuil)
2019 a été l'année du retour d'Édouard Baer quasiment seul sur scène. Il avait donné deux séries de représentations de son dernier spectacle Les élucubrations d'un homme soudain frappé par la grâce", au théâtre Antoine.
Après une première salve de représentations en début d'année, Edouard Baer aurait du être à l'affiche du théâtre à l'été 2020.
Mais l'épidémie de coronavirus en a décidé autrement.
A défaut de pouvoir jouer ce spectacle, il a décidé de le publier aux Editions du Seuil le texte intégral avec une jolie préface de l'auteur visiblement tout ému de voir un de ses textes couchés sur du papier, lui qui a toujours eu tendance à sacraliser le livre.
Avec "Les Elucubrations d'un homme soudain frappé par la grâce", Edouard Baer, ce doux rêveur, livre une pièce avec une forme et une construction pour le moins originale, qui évoque une mise en abîme.
Une pièce qui lui permet de donner libre cours à sa folie, son autodérision et sa fantaisie habituelle.
On aime ce texte car on retrouve le Edouard Baer qu'on aime, sa folie, sa verve, son érudition, sa joie, sa légèreté. Tout est là, avec des textes magnifiques, des discours historiques, de l'émotion.
Malraux, Boris Vian, Romain Gary ou encore Jean Rochefort sont convoqués pour des réflexions plus succulentes les unes que les autres ! Un grand moment de lecture.
Drôlissime et cocasse, Edouard Baer a le don de nous transporter dans un univers tantôt poétique, tantôt absurde, et très souvent drôle .
On a hate de le voir prochainement habité sur scène par l'auteur qui devrait profiter de la fermeture des théâtres pour le paufiner comme il se doit !
2/ Judoka; Thierry Frémaux ( Stock) : .
"C'est sur un tapis que j'ai compris que la culture sauvera le monde. Pratiquer un sport méconnu me préparait à l'obscurité des passions cinéphiles"
En remontant le cours de sa vie, le directeur de l'Institut Lumière et Délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux , familier de nos colonnes et notamment en octobre lors du festival Lumière revient dans l'actualité littéraire quelques années après un sélection officielle de très haut niveau dans lequel il racontait une année de sa vie, et ce livre était une sorte de journal de bord des deux festivals de cinéma qui font son quotidien
Dans ce nouveau livre, il parle encore de cinéma, mais de façon bien moins directe puisque avec surprise, il se rend compte que c'est la pratique du judo qui a déterminé avec le plus de constance sa personnalité. et qui a faconné l'homme qui l'est aujourd'hui
Il raconte avec beaucoup de justesse sa passion du judo, l’apport de cette discipline sur la vie de ceux qui la pratique, la façon dont le judo nous construit..
De l'enfance au judo, du judo au cinéma qui nourrit aussi grandement ce récit réjouissant et passionnant, Thierry Frémaux reconstitue l'ossature d'une vie à l'aune d'un art empreint de sagesse.
Celui qui lui a offert les bases d'un savoir-vivre ensemble où le respect de l'autre, le contrôle de soi, la modestie et le courage jouent le rôle le plus important. et où les préceptes comme "Tomber souvent pour ne jamais se faire mal"
Thierry Frémaux, ceinture noire de judo, livre dans Judoka, un témoignage surprenant et attachant qui permet de revisiter sa jeunesse et de mieux de mieux comprendre l'homme qu'il est devenu.
3/ Ma femme écrit, Jonathan Zaccaï ( Grasset)
Jonathan Zaccaï le formidable comédien du Bureau des Légendes connu pour son rôle de Raymond Sisteron publie son premier roman « Ma femme écrit » entre auto fiction et fantaisie burlesque .
dans son tout premier roman, Ma femme écrit, il raconte l'histoire d'un comédien qui vient de perdre sa mère, une célèbre artiste peintre
Il décide d'écrire un roman sur elle, avant de découvrir, avec surprise, que son épouse scénariste est déjà en train d'écrire son histoire,une révélation qui fera naitre la tension entre eux.
"Est-on propriétaire du souvenir d’un être aimé ?": telle est la question soulevée tout au long de cette sorte d'auto-fiction qui voit Jonathan Zaccaï brouiller les pistes entre fiction et réalité avec un certain plaisir.
Il faut savoir comédien a comme mère la peintre Sarah Kalisky, décédée il y a quelques années, alors que les plus peoples auront su qu'il a pour épouse la scénariste et romancière Élodie Hesme.
On imagine bien que le point de départ de son projet d'écriture est lié à une expérience très personnelle, on se doute aussi qu'il a poussé le curseur plus loin que la réalité tant les situations et les personnages vont vite monter crescendo dans la folie et la paranoiä .
Un ton très atypique, pour le moins fantasque et audacieux pour un comédien qui nous dévoile ici une fa cette méconnue de son talent !