Baz'art  : Des films, des livres...
21 mars 2021

Grand Prix des lecteurs du livre de poche : Zoom sur la sélection de mars

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 Je vous l'avais confié  le mois passé :  le livre de poche m’a désigné  cette année comme membre du jury pour le prix des lecteurs 2021.

 Après la première sélection ( avec comme coup de coeur personnel, et d'ailleurs coup de coeur pour les autres membres, le Rhasphodie des Oubliés de Safia Aouine), on continue avec la deuxième sélection, celle du mois de mars, qui propose trois romans aussi divers que de bonne qualité, même si les deux premiers sont nettement au dessus du dernier : 

1/  Rien n'est noir, Claire Berest 

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"Sentir l’odeur c’est déjà manger le souvenir« .  

« Qu’elle est cruelle la conscience de ce qui a été perdu et dont on ignorait la simple jouissance. »

C'est ma première lecture de cette romancière dont la soeur Anne est également une grande autrice. Est-ce que Claire Berest écrit toujours ainsi ou s’est telle fondue à ce point dans ses deux personnages principaux qu’elle a traduit cela en un tableau flamboyant qui m’a porté de bout en bout dans Rien n’est noir ? 

Quelle écriture fougueuse, vibrante, pleine de rage et de douleurs, de vie et de désirs, une plume qui mord dans la vie à 100% sans s’économiser à l’image de l’héroïne du livre Frida Kahlo !

Et l’histoire dans tout ça ? Il y a déjà eu tant d'écrits déjà sur ce post depuis sa parution en grand format chez Stock l'an passé  insistant notamment  souvent  sur leur istoire d’amour passionnée.

De mon coté, j'y ai vu surtout celle d’une jeune femme brisée très jeune par un terrible accident (quelle scène, j’avais l’impression d’y être !), qui souffre toute sa vie physiquement et moralement et cherche un amour jamais comblé pour remplir le vide abyssal qu’elle ressent. 

« Adorable Nick, si tendre, qu’il pourrait presque rivaliser avec Diego et combler ce trou béant dans son thorax. Dans une autre vie. Avec une autre Frida. »

J’ai vu aussi une femme incroyablement libre (quand elle n’est pas asservie à Diego), qui se moque des conventions, qui rit des riches américains pour qui elle est une distraction rafraîchissante mais aussi des surréalistes français autocentrés, provocante, volcanique, battante.   

 Et eux deux dans tout cela, se sont-ils vraiment rencontrés ?

S’il fallait décrire leur amour, il faudrait passer par mille couleurs et mille nuances mais la fin balaie tout pour moi.   

Rien n’est noir et rien n’est tiède. Ça brûle, ça pique et cela donne envie de vivre intensément !      🎨

Note  : 4.5/5 

 2/ Opus77, Alexis Ragougneau 

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"Ici, en cette basilique, j’en vois plusieurs, parmi les musiciens de l’Orchestre de la Suisse romande sur qui regnait mon pere, "asetre vetus" de leur frac des grands soirs. La minute de silence n’est pas encore achevée mais deja ils veulent presser le tempo, passer a la céremonie religieuse proprement dite.

Je les vois depuis mon clavier, je les vois s’agiter sur leur chaise, croiser puis de croiser les jambes; je les entends toussoter, faire craquer leurs jointures, se moucher avec plus ou moins de discretion (il faut dire que nous sommes en hiver; froide, froide et humide Geneve). Sans instrument entre les mains, ils ne savent pas quoi faire. Le silence leur est insupportable. "

Une famille musicienne, le père pianiste virtuose devenu chef d’orchestre, la mère artiste lyrique qui s’est tue à l’ombre du grand homme. Deux enfants naitront, David violoniste et Ariane pianiste, tous deux prodiges évidemment, bon sang ne saurait mentir. Mais comment grandir, comment exister et se réaliser face à un père démiurge et tyrannique. Fils et fille suivront des chemins différents.

Roman à la première personne, Ariane Claessens nous parle, elle nous raconte  avec distance et réalisme, le paradoxe du musicien.

Un quotidien fait de grâce et d’émotions pures et un mental d’acier qui sert de bouclier. David et Ariane deux manières d’affronter la vie. 

Œdipe musical de la plus belle eau, bien sûr, mais le roman d’Alexis Ragougneau est beaucoup plus que cela. Une virtuose plongée littéraire dans l’univers de la grande musique.

Description sans fard de l’impitoyable compétition qui existe entre les musiciens, un monde froid où tout n’est que travail pour laisser sa sensibilité exploser sur la scène."

Roman familial, musical et politique, la figure du père agissant comme un dictateur dans sa propre famille et un subtil résumé de la vie de Dmitri Chostakovich compositeur de l’Opus du titre, auteur génial, jouet entre les mains de Staline, « Opus 77 » est un roman terriblement passionnant qui se lit d’une traite. 

Même ( surtout?) si vous ne connaissez rien au monde de la musique classique.

Note : 4.5/5 

3/Tant qu'il ya aura des cèdres, Pierre Jarawan

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 Samir, né en Allemagne de parents qui ont fui le Liban dans les années 80, connait une enfance heureuse jusqu’au jour où, alors qu’il est âgé de huit ans, son père Brahim, un homme chaleureux et charismatique, disparaît brutalement.

Une fois adulte, , Samir décide de se rendre pour la première fois au Liban, pour en savoir plus sur le passé de son père et découvrir les raisons de sa disparition. Samir décide enfin de se rendre à Beyrouth sur les traces de son père…

Pierre Jarawan est né en Jordanie d’un père libanais et d’une mère allemande. Sur un postulat assez classique d'un fils à a la recherche d'un père Le livre nous embarque ainsi dans une odyssée entre l’Allemagne et le Liban, qui permet de découvrir l’histoire complexe d’un pays dévasté depuis des décennies par les guerres initiatique,

Ce récit iniatique, qui alterne habilement présent et passé,  a parfois des allures de conte oriental.

Certes, on dénombre quand même quelques longueurs sur plus de 500 pages,  mais ce récit fort et intense qui aurait pu nous faire  vibrer encore plus, séduit toutefois par sa belle ambition et sa belle densité.

Note : 3/5 

Grand Prix des lecteurs du Livre de Poche

Retrouvez la sélection complète sur la page de la manifestation   

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