Festival Ciné Latino de Toulouse : El alma quiere volar: une oeuvre apaisée et résiliente sur la violence machiste
Camila, 10 ans, témoin à plusieurs reprises des poussées de son père à l'encontre sa mère, prie régulièrement pour que ces derniers se séparent.
Elle profite d'un séjour estival dans la maison de sa grand-mère et de ses tantes pour en connaitre plus sur l'importante du corps et de la spiritualité pour les femmes en Colombie - et sur la malédiction qui péserait sur ces générations de femmes
La jeune réalisatrice colombienne Diana Montenegro, documentariste de formation, souhaitait pour son premier long métrage de fiction " Inviter le spectateur à vivre leur quotidien à un autre rythme.dans un monde abreuvé d'images et ou tout va trop vite » avec une histoire visiblement assez autobiographique.
On peut dire que si son film commence par une scène assez insoutenable de violences conjugales vu sous les yeux d'une petite fille, le reste de son film, particulièrement apaisé et volupteux réussit largement son challenge tant il est loin de l'hystérisation et la violence dont les fictions d'aujourd'hui ont fait leur miel.
Grâce à de longs plans séquences tournant autour d’un rituel féminin où des femmes de toutes générations discutent, se lavent, se font des masques de beauté, la cinéaste nous montre le quotidien d’une famille aux trois générations entièrement au féminin et la difficulté d'une résilience ô combien salvatrice , par le regard plein démerveillement et de curiosité d'une petite fille qui cherche à comprendre d'où vient cette fameuse malédiction qui pèéserait sur plusieurs générations .
Par une mise en scène à la fois très naturaliste et très sophistiquée, qui joue beaucoup sur la dimension mystique presque fantomatique du récit, et un travail sur la photo qui joue sur les clairs obscurs et une lumière ocre et blanche; et par son écriture fine et très nuancée sur ce machisme totalement imprégnée dans les attitudes de ces femmes , "El Alma quiere volar" (L'âme qui voulait s'envoler) transcende son matériau de départ très film à thèse sur les libérations des femmes de l'opression machisme .
Autour d'un casting composé essentiellement par non professionnels, la petite Laura Castro Artúz interprète Camilla avec un aplomb et une sincérité désarmante qui contribue pour beaucoup à l'immense réussite de ce premier long d'une jeune réalisatrice dont on a désormais très envie de suivre les projets à venir .