Rencontre avec Charles Souchon alias Ours : « Mitsouko mon grain de folie à moi »
Une nouvelle (belle) rencontre musicale sur ce site en ce mardi matin : Charles Souchon, alias Ours, alias le fils cadet de l'immense Alain Souchon, nous parle en effet de la génèse et de la conception de son quatrième et excellent album intitulé Mitsouko(Capitol Records) dont on chanté les louanges il y a peu.
Un ours pour le coup pas du tout bourru ni sauvage pour un sou, d'une douceur et d'une générosité infinie comme on a pu le constater lors de cet échange :
Mistouko, le reflet des 3 dernières années?
En effet, entre les deux albums, je suis devenu papa d'un bébé qui a désormais deux ans .J'ai passé le fameux cap de la quarantaine, mais j'ai aussi perdu deux amis proches.
Tout cela a nourri Mitsouko . J'ai tendance à dire que chaque album que j'ai réalisé est toujours le reflet de mes dernieres années : et là, tout cela s’est mélangé pour donner quelque chose de riche en émotions.
Disons que là j'en profite aussi pour tourner la page de l'ado attardé qui se laisse porter par le goût de la vie et l'album reflète forcément cela aussi.
Un album conçu en urgence ?
J’ai fait ce disque dans l’urgence et beaucoup plus vite que ses prédécesseurs.
Je suis devenu papa et j’étais très accaparé par ce changement de vie ; j’étais dans les biberons et j’avais moins de temps devant moi.
Cela peut paraître fou car on pourrait penser que l’on a le temps dans la création mais là, j’en avais tellement peu que j’ai dit à ma femme qu’il fallait que je parte m’isoler trois jours pour écrire deux chansons.
Avant, j’avais le temps de retravailler des chansons mais là, j’ai préféré les laisser telles quelles avec « leurs accidents » et c’est aussi joli de figer les choses comme cela. Cet album est spontané et cela que je mettrai en avant.
J'avais moins de temps. Il fallait que je parte trois jours pour déconnecter, mais revenir vraiment avec deux chansons.
Et c'est pas grave si une phrase n'est pas parfaite : ça laisse une part d'accident , c'est spontané, on fige les choses telles qu'elles sont et c'est joli, comme un photographe qui fige un moment.
C'est un processus créatif que j'ai beaucoup aimé et que je vais refaire à mon avis !
Fan des Rita Mitsouko?
Les Rita Mitsouko, je n'étais pas forcément un inconditionnel au départ : j e ne connais pas par cœur toutes leurs chansons et leurs albums mais comme le grand public, je connais leurs gros tubes.
Ce qui est sur, c'est que j'adorais ce qu'ils dégageaient, ce sentiment de folie de liberté, ce coté très ludique sous des textes graves, ça me faisait en fait un peu le même effet qu'un dessin animé.
Les Rita, c'était un vrai maelstrom d’influences diverses : on avait du rock, du fado, du funk…
Pour moi, ils incarnent la liberté créative et la fantaisie comme aujourd’hui des gens tels que Philippe Katerine peut le représenter aujourd'hui .
Si je donne aussi ce titre à l’album, c’est une manière de dire qu’après 40 ans, nous devons essayer de garder de la fraîcheur, un grain de folie, comme étaient les Rita.
Ce que signifie précisemment le morceau « Mitsouko »
C'est à mon sens une expression qui illustrerait ce grain de folie et de liberté que je viens de détailler.
Je parle dans une chanson d'une fille très banale qui aimerait avoir une vie plus colorée et pétillante, une vie Mitsouko.
Mais sous couvert de légèreté, sans se prendre au sérieux, il y a ce petit message où l'on balaye les travers de l'être humain, ce moment ou il perd sa legerté pour entrer dans le sérieux voire le vice.
La mélodie de la chanson Mitsouko m’est venue sur mon scooter en allant à Quiberon ! Avec ces premiers mots : « Mitsouko, j’aurai la vie Mitsouko/Un beau clip vidéo/En bleu indigo et hop le reste à très vite découlé de source.
Fan autant de NTM que des Rita ?
Le titre "NTM à Bercy", contrairement à "Mistouko", ce n'est pas vraiment un hommage au groupe mais plutôt à tous ceux qui ont écouté ce disque et qui se sont retrouvés ce jours de 2018 à Bercy
En fait, j'avoue c'est un concert où j'ai surtout regardé le public .Disons que je regardais autant les gens dans la salle que la scène ,
J'y ai vu des gars comme moi plus si jeunes que ça, des filles en tailleur qui n'avaient pas eu le temps de se changer avant de venir, des types en costume en calvitie avec des bières qui hurlaient leurs refrains…
Je me suis dit la jeunesse rétrécit, le temps passe. et qu'il fallait en faire une chanson dessus, histoire de dire que même si c'est un peu déprimant cela n'était pas si grave que cela ( sourires).
La patte paternelle toujours présente ?
Oui bien sur : les chiens ne font pas des chats comme on dit
J'ai sans doute en moi cette même sensibilité que mon père, cette manière d’observer le monde et de le raconter en partant parfois d’un rien et en glissant, ici et là, des bouts de phrases qui font mouche avec une certaine tendresse et une certaine ironie,
Mais en meme temps il est vrai qu'il y a certains mots comme sentimental ou autres que je refuse à placer dans mes chansons pour que cela ne sonne pas trop comme les chansons de mon père, je fais tres attention à cela aussi !
Les débuts dans la chanson : si loin si proche?
Je ne pensais pas me lancer dans la musique ; je ne voulais pas au départ suivre les traces de mon pere et de mon frere
Alors, j'ai vécu à Londres étudié aux Beaux arts, une formation qui m'a bien servi pour la musique mais à un moment j'avais vraiment envie de me lancer dans les compositions et la création artistique, en fait c'était en moi depuis longtemps et cela ne servait à rien de lutter..
Le plus important dans ce que des personnes comme mon père m'ont transmis, c'est de pouvoir composer des chansons donc pourquoi s'en priver? (rires)
Ecrire des chansons c'est quelque chose de génial, cela permet d'apaiser les choses et d'exprimer ce qu'on n'ose pas par pudeur exprimer dans la vie.
Le plaisir de revenir sur scène
J'ai fait mon premier concert le 9 juillet, et je reprends vendredi à Dinard, puis samedi à Agen, et ça se passe plutôt bien.
On sent les gens heureux de ressortir, et nous, nous sommes très heureux de rejouer.
J'ai eu la chance de ne pas être bloqué par le Covid,car n'étant pas encore en phase de tournée, qui devait commencer normalement cet été. Je fais une tournée avec 4 musciens on a été récemment en résidence à Angouleme pour jouer et vous pouvez le dire haut et forts on est bien prêts et trèe excités pour assurer sur scène (rires)!
Des projets autre que la scène et la promo ?
Je suis sur « Enfantillages 4 », avec Aldebert, qui écrit des contes pour enfants.
Là je suis vraiment concentré sur la sortie de l'album et sur la tournée, mais commencent à venir de nouvelles idées. et comme vous êtes lyonnais, je le dis aussi, je viens d'aménager à Lyon pour un an pour des raisons familiales, il est possible que vous me croisiez un peu plus souvent dans la région ( sourires)
A Lyon comme partout ailleurs je reste aux aguets car comme je le dis souvent : j'ai toujours avec moi mon filet à papillons, prêt à chopper des nouvelles idées de chansons …
Voir page facebook de l'artiste :https://www.facebook.com/oursmusiqueoff