Baz'art  : Des films, des livres...
19 octobre 2021

Notre interview de Nathalie Masduraud et Valérie Urréa, créatrices de la série H 24, 24 h de la vie d’une femme

C'est cette semaine que les spectateurs de Arte. pourront découvrir le formidable  H 24, 24 h de la vie d’une femme 

ce sont 24 histoires de femmes, relatés dans un mini-format de deux à trois minutes à découvrir dès le 23 octobre.
H24 - 24 heures dans la vie d'une femme, une diversité de voix et de talents, réunis pour la première fois dans une collection européenne, forte et engagée.. 

Retrouvez notre article sur la série ici même.

Entretien avec Nathalie Masduraud et Valérie Urrea, directrices de la collection (showrunneuses en quelque sorte) lors de notre rencontre avec elles à Montélimar lors du festival de l'écrit à l'écran : 

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Nathalie Masduraud et Valérie Urréa ; crédit photo Linda Mouge

Baz'art : Comment est née le projet H24 ?

Nathalie Masduraud et Valérie Urrea : Tout est parti d’un ras le bol face aux actes de violence répétés à l’encontre des femmes. 

Concrètement, nous avons eu cette idée en  découvrant l’histoire d’une femme défenestrée par son compagnon. Le Fonds de garantie des victimes lui avait refusé une indemnisation intégrale parce qu’à ses yeux, elle avait « contribué à son propre dommage » en rentrant chez elle le soir du drame faute d’avoir trouvé un hébergement. 

Un matin vous entendez une émission à la radio, cet énième féminicide, et ce matin-là vous en avez marre  et vous vous dites qu'il faut faire quelque chose !!

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Concrètrement, ce quelque chose, c'était mettre en forme ce projet mettant en lien écriture et série?

Oui : car pour rendre visible ce ces femmes peuvent subir au quotidien et témoigner de ce sujet aussi vaste que tragique, nous avons choisi de mener une réflexion collective avec des autrices, des réalisatrices et des comédiennes.

Ce thème de l’engagement des artistes dans la société dictait déjà notre travail de documentaristes mais si on eu  envie cette fois-ci de fiction, pour « donner à ces histoires une dimension plus universelle 

Nous avons imaginé ces vingt-quatre films – plus un bonus – situés, chacun, à une heure précise.

Nous souhaitions rendre la parole aux anonymes, victimes ou résistantes, et créer un espace où se réapproprier nos histoires afin qu’elles ne nous échappent plus.

Valérie Urrea (@valerieurrea) | Twitter

Vous abordez dans cette série non seulement la violence physique mais aussi la violence psychologique…

Il était essentiel de traiter de ces violences insidieuses, car peu de victimes osent porter plainte, notamment quand l’autorité s’en mêle.

C’est l’histoire, par exemple, de l’épisode 19h - Le chignon au cours de laquelle une élève avocate se voit rabrouée par son professeur en pleine joute oratoire.

Parfois même, les femmes intériorisent le joug du système patriarcal, à l’image d’un autre film, inspiré par ces deux juges italiennes qui avaient considéré qu’une migrante était «trop masculine pour être violée».

 La série ne cantonne pas les femmes au rôle de victime. Certaines de nos héroïnes disent non, d’autres piègent leur harceleur… H24 appelle à la résistance.

Il existe des actes d’insoumission formidables émanant, notamment, de la nouvelle génération.

Cette rébellion, ce désir de visibilité se devaient d’apparaître dans les textes, la mise en scène et le traitement de l’image de cette collection.

Comment avez-vous choisi les histoires de la série ?

Elles sont issues d’affaires médiatisées comme celle de Marie Laguerre : cette étudiante, qui a répondu à son harceleur de rue et dont le témoignage a déclenché un formidable mouvement de protestation, nous a inspiré un épisode joué par Camille Cottin, écrit par Kaouther Adimi et réalisé par Émilie Brisavoine.

D’autres sont tirées de témoignages recueillis. Ces récits vont bien au-delà des individualités. 

La beauté dans le cinéma, c’est de pouvoir dépasser le singulier.

Nous avons constaté que les histoires se ressemblaient et s’entrecroisaient en France, au Royaume-Uni, en Italie, en Finlande ou au Groenland.

Intégrer cette circulation entre les paroles européennes et faire entendre en langue originale ces textes littéraires, qu’on pourra aussi retrouver en librairie sous la forme d’un livre manifeste était capital.

NathalieMasduraud@MarieRouge

Quels défis avez-vous dû relever dans ce travail d’adaptation ?

Nous nous étions fixées un principe : faire vivre les histoires dans un monologue d’environ trois minutes. Il fallait donc respecter une unité de temps, de lieu et de personnages.

Écrit principalement du point de vue de la «victime», ce texte donne de la force au récit, mais renoue aussi avec l’essence du documentaire : la parole brute.

À l’intérieur de ce dogme, nous avons laissé une grande liberté dans l’écriture, l’interprétation et la réalisation des modules.

Comme dans une chorégraphie, il existe un vocabulaire fixe mais aussi une liberté dans les mouvements…

Il nous tenait à cœur de créer un objet esthétique en travaillant les différents niveaux de lecture, les pauses et les métaphores. Vous avez rassemblé un casting ambitieux…

C’était l’occasion pour différentes générations de comédiennes, d’écrivaines et de réalisatrices de faire entendre leur voix au sein d’un mouvement qu’elles soutiennent.

Ces femmes engagées, Christiane Taubira, Sofi Oksanen ou Rosa Montero, à l’écriture ; Nora Fingscheidt, Clémence Poésy ou Sandrine Bonnaire, à la réalisation ; Camille Cottin ou Valeria Bruni Tedeschi, au jeu, s’illustrent par leur incroyable générosité.

 Nous n’avons pas eu à batailler pour les convaincre de rejoindre cette aventure.

C’était, je pense, un moyen de revendiquer haut et fort leur combat féministe.

ValerieUrrea@MarieRouge

 

Nathalie Masduraud et Valérie Urréa ; crédit photo Linda Mouge

En quoi la fiction peut-elle aider à combattre les violences contre les femmes ?

Les récits d’H24 ont déjà suscité la parole lors des projections réservées aux équipes et à leurs familles. Notre plus beau cadeau : voir la série devenir un objet de sensibilisation pour accompagner plus largement cette libération. 

Même si un travail primordial s’effectue sur le terrain, je crois aussi énormément à l’art comme éducation. Ces histoires font écho, chaque spectateur pourra se les approprier : notre propos est hélas universel. 

Et pour faire bouger les choses, sans coup férir!

 

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