"Ceux qui restent" : une pièce sincère sur la fin de vie
Jusqu'au 23 février, nous sommes invités à voir - chose peu commune - une comédie dramatique sur la fin de vie, écrite et mise en scène par Camille Prioul, assisté de Cécile Ghrenassia.
Pour Baz'art, j'ai assisté à la deuxième représentation de cette très belle pièce, forte, émouvante, qui nous invite à réfléchir au droit à disposer de sa propre vie, et de sa fin.
Gare de Lyon, de nos jours. Étienne (Camille Prioul) et sa mère Annie (Anne de Peufeilhoux) attendent le train qui les amènera en Suisse. Un simple voyage mère/fils ? Non, nous comprendrons vite que non. Annie, malade, démunie depuis la mort de son mari, a décidé de recourir au suicide assisté, autorisé dans ce pays.
Alors qu'il voit sa mère partir, Étienne fait la rencontre de Juliette (Karine Ventalon) avec qui il vit une aventure qu'il sait sans lendemain : la jeune femme est en effet sur le point de repartir en Nouvelle-Calédonie. La mort et l'amour, dans un drôle de bal dont seul le hasard a le secret, se côtoient dans la vie d'Étienne. Le jeune homme pudique, peu enclin à dévoiler ses émotions, va être surpris de voir son cœur s'ouvrir peu à peu face à ceux qui partent - et ceux qui restent.
Nous le suivons dans son quotidien, avec ses amis Émilia (Tatiana Djordjevic) et Benjamin (Pablo Gallego), celui de n'importe quel jeune homme de son âge - impossible de ne pas se projeter, de ne pas se sentir entouré comme par nos propres amis, à nous, quand ils prennent un verre, jouent à la switch ou célèbrent la fin d'un déménagement à coups de blagues et de bières. On le suit également dans ses moments en famille, avec sa sœur Sophie qu'il adore et son frère Olivier, qui est presque un étranger pour lui (également interprétés par Tatiana Djordjevic et Pablo Gallego), tous deux aussi désemparés, anéantis, par la décision irrévocable de leur mère.
Chaque comédien interprète sa partition avec justesse. Jamais, jamais, malgré la difficulté du sujet abordé, leur prestation ne frôle le pathos. Ils sont habités par leurs personnages, leurs maux, les espoirs. Leurs questionnements. Les émotions sont présentes, fortes, sincères.
J'ai été très émue par l'issue, lumineuse et apaisée, de cette histoire pleine de sentiments, d'amour - et je n'étais pas la seule, à en juger par les regards embués des autres spectacteurs.
La mise en scène nous emmène habilement d'une temporalité à une autre, du décor d'un institut suisse à celui d'un appartement parisien. Les éléments de décor, rares, se suffisent à eux-mêmes, servant tantôt de table, de balcon ou de lit.
Et si vous manquez cette belle pièce à Paris, rassurez-vous, la compagnie sera à Avignon cet été.
Ceux qui restent au Théâtre Clavel, 3 rue Clavel, 75 019 Paris, à 19h jusqu'au 23 février.
Plus d'informations sur le site de la compagnie.