Sur la dalle: il est comment, le dernier Fred Vargas?
La romancière Fred Vargas, créatrice du commissaire Adamsberg, fait son retour au polar après une pause de six ans qui a laissé les fans impatients, a annoncé l'éditeur mardi.
Sur la dalle, aux éditions Flammarion depuis le 17 mai, est la dixième aventure de ce policier atypique.
Michel notre fan de Vargas et D'Adamsberg de la première heure n'allait rater l'événement pour rien au monde :
"Après avoir raccroché, Mathieu ressentit le besoin de s'isoler en allant boire un café. Lui, l'indépendant, le commissaire performant, réalisait qu'il se mettait dans la roue du commissaire Adamsberg. Il l'appelait à la moindre nouvelle, non seulement écoutait son avis mais s'y conformait. Tel l'insecte revenant vers le lampadaire, il recherchait ses opinions et conseils, dans une affaire qu'il aurait pu résoudre seul et qui ne regardait pas Adamsberg. Il connaissait sa réputation, ce qu'on lui reprochait comme ce qu'on admirait, le désordre de sa logique, les sentiers sinueux et inusités qu'il empruntait, ses cheminements qui pouvaient demeurer des énigmes, le respect voire le culte qu'il suscitait, ou bien l'antipathie, le rejet. On aurait pu tout autant le traiter de flemmard que de génie. "
« Vic...oss...pé...jou...mo...est...mor...» sont les derniers mots du fier à bras du village, assassiné dans une sombre ruelle. Derniers mots qui semblent accuser Josselin de Chateaubriand, digne descendant de l'illustre vicomte et écrivain qui rédigeât ses Mémoires d'outre-tombe à un jet de pierre de là.
Tout le monde est fort marri car ce Josselin et son illustre patronyme sont une manne touristique vraiment non négligeable pour la région. Pas de chance, après le garde-chasse, c'est une commerçante du village qui est retrouvée poignardée dans une scène de crime identique. Un serial killer dans une bourgade de mille deux cent vingt-trois habitants cela commence à faire désordre dans la lande bretonne.
Sur ordre du ministre, rien que ça, Adamsberg, notre pelleuteux de nuage et commissaire préféré, est dépêché auprès du breton et commissaire Matthieu pour découvrir qui assassine allégrement des villageois en essayant de faire porter le chapeau, le couteau pourrait on dire, à un aristocrate mycologue et velléitaire qui ne ferait pas de mal à une mouche et encore moins à une puce. Puces qui auront leur mot a dire dans cette enquête, n'en doutons pas.
Adamsberg et sa garde rapprochée, composée des lieutenants Retancourt (indispensable Rétancourt!), Veyrenc, Noél et Mercadet se retrouvent donc au pays du chouchen et du kouign-amann, mais aussi au pays des superstitions qui ont la vie dure.
A Louviec on craint les boiteux, les chats noirs et les fantômes, évidemment on ne s'assoie pas sur le banc du rôdeur car cela porte malheur, tout comme Maël le bossu du village d'ailleurs, que certains évitent de croiser alors que d'autres chaque jour touche sa bosse pour conjurer le mauvais sort.
Recueillir des témoignages auprès des habitants risque de ne pas être piqués des hannetons (ou par des puces) pour Adamsberg et sa bande de flics.
Une sacrée bande de flics qui n'existe pas, une intrigue improbable qui mêle joyeusement Littérature, Histoire de France et Sciences de la Vie et de la Terre, des méchants qui seront bien punis et une lecture agréablement régressive comme une heureuse manière de retomber en enfance.
Finalement les polars de Fred Vargas pourraient se savourer avec une orangeade glacée, des cookies encore tièdes dans un brûlant un après-midi d'été à l'ombre d'un tilleul séculaire, comme, lorsqu'il y a des années, on se plongeait dans «Les six compagnons» ou «Le club des cinq».
Fred Vargas a réinventé la bibliothèque Rose et Verte pour réveiller l'enfant qui sommeille encore en nous et cela pour notre plus grand plaisir, même si on l'avoue, on préfère sans doute quand elle s'aventure dans des contrées plus sombres et moins légères
"Sirènes hurlantes, les policiers parvinrent rapidement sur les lieux, où le spectacle les stupéfia : deux hommes qui se tortillaient au sol tandis qu'une femme aux proportions inusuelles les tenait en joue, calmement adossée à une fourgonnette, avec quatre armes à ses pieds. Adamsberg leur exposa la situation, le photographe prit des clichés de la scène et les flics embarquèrent les agresseurs, hurlant les pires insultes, menaces et obscénités à l'adresse de Rétancourt, qui y demeurait aussi insensible que le menhir dressé en bord de route."
« Sur la dalle », de Fred Vargas, éd. Flammarion, 23€. Sortie le 17 mai en librairie.