Vingt-six romans, un succès grandissant et une notoriété internationale, des adaptations cinématographiques (peu convaincantes, il faut bien le dire ) mais de vraies pépites littéraires et surtout Nathan Zuckerman un alter ego de papier qui accompagne presque toute son œuvre.
Philip Roth, romancier parfait dont il faut obligatoirement avoir lu "Portnoy et son complexe ", la base fondatrice de son œuvre qui date de 1960, " La tache " pour son twist à mi lecture et sa clairvoyance du mouvement canceled encore en embryon, " La contrevie", roman gigogne et mise en abîme d'un livre en train de s'écrire, un récit à la structure narrative qui force le respect et qui devrait être étudié par tous les romancier en herbe et puis le très court et très touchant " Nemesis ", son dernier roman qui vous tire les larmes dès les premières pages, oui, Roth le goguenard est capable de cela aussi.
De sa vie, de sa judéité, de l'Amérique, Roth en a fait des romans et dans son autobiographie il nous offre un trousseau de clés pour déverrouiller toute son œuvre.
"Les faits, Autobiographie d'un romancier" ou le bonheur du Philiprothophile.
Malin le bougre, il se permet, dans le chapitre final, d'inviter Nathan Zuckerman son moi littéraire à juger et parfois même à dauber sur ses mémoires.
Zuckerman juge Roth, l'écrivain s'indigne, la créature ricane et cela donne l'autobiographie sincère et d'une classe folle d'un écrivain vraiment très ,très doué.
Extrait :
" A la fin des années quarante, quand Bernie, frère cadet de mon père, proclama son intention de divorcer de la mère de ses deux filles au bout de vingt ans de mariage, mes parents furent plus abasourdis que s'il avait tué quelqu'un. S'il avait commis un meutre et pris perpétuité, ils seraient sans doute revenus plus vite à de meilleurs sentiments à son égard, malgré son acte abominable autant qu'inexplicable. Mais lorsqu'il décida, non seulement de divorcer, mais de le faire pour se remarier avec une femme plus jeune, leur soutien alla instantanément aux " victimes ", leur belle-soeur et leurs nièces. Cette transgression, cette forfaiture à l'égard de sa femme et de ses enfants, à l'égard de tout son clan, en somme -- il avait manqué à son devoir de Juif et de Roth --, valut à Bernie une condamnation quasi universelle."