Les grands romans de 2023 : La mauvaise habitude
« Je n’étais qu’une tapette amère de plus, une autre transsexuelle vaincue trop tôt que personne ne voulait ni n’aurait su aider, une autre travestie tragique, une nouvelle et énième histoire sans importance. De la chair pour voie de métro. Cette année-là, ce fut la première fois que je songeais sérieusement à me faire broyer sous les roues en métal. »
Madrid, dans les années 80. A. grandit dans un quartier ouvrier de Madrid. Deuxième fils de la famille, cette identité n'est pourtant pas celle qu'elle ressent au fond d'elle. Grandir comme garçon quand on se sent fille, dans un quartier ouvrier, post-franquisme n'est pas la chose la plus aisée.
L’histoire d’une petite fille, puis adolescente et jeune femme emprisonnée dans un corps de garçon.
Jeune fille coincée dans un corps de garçon, la narratrice va plonger tête la premiere dans une quête d’identité et va rencontrer humiliations, méconnaissance, peur de la différence, violence parfois mais au bout, il y a aussi de l'amour et surtout le courage d'être soi.
Autour d'elle, les personnages sont légions dans un Madrid qui sort de la dictature avec une soif de liberté sans précédent depuis des générations : la Margarita et ses talons rafistolés, la Moraíta et sa fierté inégalée, la Cartier et ses bijoux à la valeur toute personnelle. toutes ces vies singulières, étonnantes, dignes.
Un beau parfum de Movida et d'Almodovar irriguent ce beau livre qui nous mène dans une quête identitaire nécessaire, viscérale sans jamais tomber dans le cliché !
"La mauvaise habitude" est un premier roman à la fois lumineux et terriblement émouvant qui nous conduit dans les pas de la narratrice, une jeune femme trans au cœur d'un quartier ouvrier de Madrid dans les années 80.
Alana S. Portero propose un roman fort et poignant qui accompagne un beau personnage qu'on suit tout au long de sa construction et de son affirmation, de sa découverte de la femme qu'elle veut devenir.
Chronique d'une vie et d'une ville, portrait de femmes, de vies, La mauvaise habitude raconte un parcours unique et pourtant multiple, complexe, violent et beau.
Paru le 23 Août aux Éditions Flammarion, traduit de l'espagnol par Margot Nguyen Béraud.