Critique d'album : [prèchof]- NOÉ PRESZOW, l'engagé lyrique
Ce vendredi 16 février était à marquer d'une pierre blanche musicale avec la sortie du second album de Noé Preszow intitulé [prèchof], Prèchof, déclinaison en phonétique de son patronyme, et disponible un peu partout avec déjà un vrai impact sur le public et sur la presse.
Avec la délafragation liée à son premier opus, il y a tout juste trois ans, Noé Preszow avait si brillamment remis au goût du jour une chanson à textes, engagée, lyrique politique et sociétale, et le confirme avec tout autant de force et de justesse dans ce second album.
Les quelques premiers titres dévoilés avant ce 16 février tels que L’intime et le Monde, Charlotte ou encore 27, confirmaient bien cette écriture viscérale et cette énergie rythmique .
Une écriture qui met en avant une plume forte, à la fois très poétique et débordante d'énergie, de passion , et qu'on retrouve dans l'ensemble de l'opus, mais qui est particulièrement visibles dans les titres suivants : "Nos années 20" « Prière de n’pas déranger », « Comment fais-tu pour vivre ? » ou « Du manque d’amour "
L'engagement intime, poétique et politique de l'artiste s'entend évidemment dans tous les textes de l'album mais de façon encore plus prégnante dans le titre "Juste devant", coup de gueule contre l'extrême droite qui redresse la tête un peu partout en Europe.
Alors qu'au départ Noé était parti tout seul en Ardèche avec l’idée de réaliser un album épuré, plutot en mode folk acoustique, et fermé sur lui même, la nature ardéchoise lui a donné de l’énergie suffisante pour une ouverture sur le monde et la guitare sèche a alors été remplacée par une électrique, donnant souffle et intensité rock à l'ensemble.
Excellent portraitriste d'une génération tiraillée, terrassée même, entre angoisse et espoir, déceptions et joies intense, NOÉ PRESZOW brille par ses talents de mélodiste évident, mais sans doute encore plus par sa faculté à rendre universelle ces confessions parfois très intimes.
Entretenant un rapport passionnel avec la langue française, Noé ne va pas sur les rives du minimalisme, évidemment, mais réussit aussi à garer une certaine pudeur et interiorité des sentiments.
Le brulant " L’intime & le monde » notamment résume les émotions et les réflexions qui ont traversé le jeune bruxellois ces deux dernières années : « Une chanson qui dirait le début & la fin / le chagrin inouï et les joies éternelles / le passé incomplet, le futur incertain / ici, un coup de feu; là un battement d’ailes / toutes les régressions, toutes les avancées / et les mains qui se frôlent sur la banquette arrière / les premières amours & les derniers baisers / le début du parcours & la fin d’une guerre »
Exalté, électrique, débordant de partout, ce [prèchof] est d'une beauté incandescente.
Il confirme en tout cas son auteur comme un des futurs grands de la chanson francophone, et assurément le digne représentant d'une chanson engagée qu'un Léo Ferré ou pour ne parler que des vivants qu'un Renaud ou un Lavilliers n'aurait pas renié
La tournée de Noé Preszow débutera au printemps 2024 avec une date au Botanique de Bruxelles le 28 mars suivie d’une Cigale de Paris le 3 avril.
Noé Preszow ‒ [prèchof] Nouvel album le 16 février 2024