Romancière de Lyon : Rapatriement, Eve Guerra
"C'était le dimanche toujours au-dessus des bols, le chocolat chaud, la fumée en spirale que je chasse, comme les boucles de mon visage..."
Annabella Morelli, 23 ans, habite dans le Vieux Lyon, loin du Congo-Brazzaville où elle est née. Elle est étudiante, amoureuse et se rêve poète. Ses parents : un ouvrier franco-italien exilé en Afrique ; une villageoise congolaise, devenue mère trop jeune.
De son enfance, Annabella se rappelle l’odeur du karité, les danses endiablées et les éclats de rire. Jusqu’au Noël de ses sept ans où la colère de son père explose et sa mère quitte le domicile familial : Annabella grandit vite, dans l’ombre de son père et de ses excès.
Lorsqu’elle apprend la mort de ce dernier, resté en Afrique, son monde s’effondre pour la deuxième fois.
Face à la question du rapatriement du corps en France, cette jeune étudiante, vivant un peu à côté d’elle-même, exhume des secrets de famille et ressuscite doucement, sensoriellement, la figure de ce père fantasque, expatrié à la voix de tabac et de vin de palme, dans l’ombre duquel elle a grandi après la disparition prématurée de sa mère.
Récit d'apprentissage sur le deuil, texte âpre comme un couperet, qui sonde avec beaucoup de justesse la question de la double identité, et des différentes dislocations d'une vie.
Avec ce Rapatriement, Ève Guerra signe un premier roman prenant à la plume limpide qui assurément signe la naissance d’une romancière.
" J'étais au seuil de moi-même, du moins je le pensais, la bouche remplie d'espérances et un front d'orgueil. J'avais réussi par je ne sais quel tour de force à soumettre le monde et mon père."
Rapatriement, d'Ève Guerra, Grasset, 19,50€- Parution le 31 janvier 2024