Rencontre avec Ana Girardot pour le film Madame de Sévigné
Incontournable en ce début d’année, Ana Girardot est à l'affiche du film Madame de Sévigné d'Isabelle Borcard. Elle y incarne la fille et muse de la légendaire épistolière Madame de Sévigné dans ce long métrage en costume qui sort au cinéma ce mercredi 28 février 2024.
Elle a aussi éclaboussé de sa classe vendredi soir la scène de L'Olympia pour présenter, dans un duo pétaradant avec le comédien Jean Pascal Zadi, quelques séquences fortes de la cérémonie en tant que maîtresse de cérémonie de la soirée.
On avait rencontré Ana Girardot dans le cadre de la promotion de son prochain film, Madame de Sévigné. Un échange à l'image de sa comédienne, sincère et touchante :
Comment s'imprégner de l'esprit de la Marquise de Sévigné
La Marquise de Sévigné , évidemment j'en avais entendu parler avant de lire le scénario d'Isabelle Brocard.
Je savais déjà que c'était une artiste épistolaire accomplie mais je n'ai lu ses lettres à Françoise, sa fille qui sont au cœur du scénario. qu'au moment ou j'ai su que j'allais faire le film d'Isabelle.
J'ai voulu en savoir plus sur elle, des que j'ai accepté le scénario, je suis même allée visiter leurs résidences à Paris, et pour le reste, je m'en suis pas mal référée à Isabelle mais pas que.
Sur les films d'époque, les costumières sont aussi une source d'informations très riche, car le costume est souvent le reflet des mœurs et de la condition de la femme.
En l'occurrence, le corset était le symbole de l'empêchement, puisque les femmes qui l'aboraient ne pouvaient pas s'asseoir normalement et respiraient difficilement dès qu il faisait un peu chaud, cela avait un impact sur leur diction, leur posture, leur manière d'aller et venir.
A contrario, le costume des hommes leur permettait d'aller et venir comme bon leur semblait.
Une relation mère-fille intemporelle
Il y a, dans les rapports familiaux amoureux ou amicaux, quelque chose qui traverse les siècles. L'amour que Madame de Sévigné porte à sa fille, son puissant instinct de protection, la façon dont elle espère le meilleur pour elle, et son coté étouffant aussi en contrepartie sont quelque chose de résolument universels.
Mais nous pouvons aussi nous reconnaître dans la volonté de Françoise de s'affranchir des désirs de celle-ci. Certains échanges résonnaient d'ailleurs intimement en moi, même si les problématiques des époques ne sont pas les mêmes. Je trouve que le film est un sublime portrait de femmes qui amène une vraie réflexion sur les rapports mère-fille. Le verbe est certes assza soutenu, mais le fond est finalement très proche de ce que l’on vit encore aujourd’hui. On se rend compte à quel point les histoires d’amour filiales, surtout passionnelles, traversent les âges au même titre que les autres !
Madame de Sévigné : Une féministe avant l'heure
Madame de Sévigné elle rêve de liberté et d'indépendance pour sa fille, elle ne veut pas qu'elle appartienne à son mari. Cette idée est tellement ancrée en elle qu'elle refuse de voir l'amour que Françoise éprouve pour le comte de Grignan, dont elle est la véritable partenaire.
Elle est très impliquée dans ses affaires, en Provence, ce qui était rare et moderne pour l'époque, et, malgré son côté volage et joueur, elle l'aime sincèrement.
Mais Madame de Sévigné refuse de l'admettre, car elle a été blessée par les hommes. Son mari est mort en duel pour défendre l'honneur de sa maîtresse ! Elle a été mal aimée et n'envisage pas que sa fille puisse avoir une vie de famille épanouie.
Des échos à sa vie personnelle
J'y ai vu en effet quelques similitudes avec ma vie intime, en lisant le scénario.
Disons que comme Madame de Grignan, j'ai quitté le nid jeune en me mariant à 19 ans, alors que ma mère, comédienne elle aussi (Isabel Otero] et moi étions fusionnelles. Elle m'a fait faire le tour du monde et m'a toujours soutenue dans mes choix.
Mais elle a aussi une image de ce qu'elle aimerait que je fasse et que je sois en tant que comédienne. Quand on emprunte une route similaire en étant du même sexe, la comparaison est inévitable.
Or on oublie parfois qu'un enfant possède ni plus ni moins que 50 % d'ADN de l'autre parent. C'est du reste cette autre part de sa fille que rejette totalement Madame de Sévigné en dénigrant le père de Françoise.
Jouer avec Karin Viard
Nous n'avions encore jamais tourné ensemble et c'est quelqu'un que j'apprécie particulièrement.
C'est une femme particulièrement franche, et dans sa manière de penser les choses et de les exprimer.
Il y a en elle quelque chose d'indocile, elle sait jouer des coudes quand il le faut pour faire valoir son point de vue. En comparaison, je suis moins directe, je me faufile davantage.
Karin est par ailleurs d'une grande gentillesse et de bon conseil. Elle a deux filles et avait avec moi un comportement assez maternel sur le tournage.
Ses prochains projets à venir
En mars, sur Canal+, je jouerais une sorte de polémiste dans La Fièvre, série de Ziad Doueiri (Baron noir) sur la fabrique du mensonge et la communication de crise
Et puis je vais aussi aller " jouer des muscles" si on peut dire dans un remake très libre mais bien physique du Salaire de la peur, attendu sur Netflix fin mars, bref des rôles bien différentes les uns des autres (rires).
Merci à Ad Vitam, Pathé Lyon et à Fabrice SCHIFF pour les photos
Madame de Sévigné réalisé par Isabelle Brocard ( sortie le 28 Février)