CRITIQUE- Madame de Sévigné : La marquise de : grande écrivaine mais mère étouffante
Madame de Sévigné est considérée comme l’une des plus grandes autrices de langue française. Elle ne se voyait pourtant pas comme une écrivaine, et n’a jamais été publiée de son vivant : ce sont les lettres qu’elle écrivait à sa fille qui l’ont rendue célèbre.
La cinéaste Isabelle Brocard s’est intéressée à la relation que Marie de Sévigné, interprétée par Karin Viard, a entretenue avec sa fille Françoise (devenue Madame de Grignan après son mariage), jouée par Ana Girardot.
On a retenu Madame de Sévigné comme le parangon* de l’amour maternel, mais derrière ces manifestations d’affection n’y avait-il pas des sentiments plus complexes et ambigus ?
La majeure partie des lettres de cette chère dame sont adressées à sa fille, devenue comtesse de Grignan, dans le sud de la France, en Provence. La correspondance avec sa fille va durer plus de 25 ans, avec un débit de deux à trois lettres envoyées par semaine. Une correspondance volumineuse, qui va être rendue public par la petite-fille de Madame de Grignan.
Dans chacune de ses lettres, la marquise fait part à sa fille bien-aimée de ses états d'âme et montre ce que son amour peut avoir d'étouffant, de toxique même.
Le film pose joliment la question de l’indépendance et de la liberté des femmes, et la toxicité des rapports entre Madame de Sévigné et de Madame de Grignan s’inscrivaient dans un schéma paternaliste dont tous et toutes subissent les conséquences.
Françoise finit par échapper à sa mère au prix d’une vie sou mise à un mari qu’elle aime mais sur lequel elle n’a pas vraiment de prise.
Le film, parfois un peu trop scolaire et académique, touche cependant par la modernité de son propos et la force de son duo d'actrice, Karin Viard, toujours à l'aise dans des rôles peu sympathiques de prime abord et Ana Girardot, moins toxique que ce que l'on croit...