Les biens aimés : les histoires d'amour finissent mal en.... chansons
J'ai déja crié ici même mon admiration pour le talent d'auteur/ compositeur d'Alex Beaupain, et surtout le bénéfice qu'il a su tirer de sa rencontre avec le cinéaste Christophe Honoré, en nous livrant des Chansons d'Amour absolument magnifiques.
Enfin, pour être tout à fait clair, si les chansons en elle même m'avaient tant emportées, j'étais quand même sorti du cinéma pas à 100% emballé par le film, car je trouvais que certaines scènes non chantées sonnaient faux et nuisaient à la cohérence du film, notamment à cause du jeu si décalé de certains des acteurs du film, Louis Garel en tête.
Cela ne m'a absolument pas empeché d'aller courir voir Les Biens aimés, la nouvelle rencontre cinématographique entre Honoré et Beaupain, présentée en cloôture du dernier festival de Cannes; et je peux vous dire que, cette fois, si réserves il ya, elles ont vite été balayées par la puissance émotionnelle d'ensemble du film.
Il faut dire que par rapport aux Chansons d'amour, Les biens aimés est porté par une ambition énorme: retracer, sur près de 40 ans, une carte du tendre à travers les générations et les lieux (Paris, Prague, Londres, Reims) et en se focalisant sur les histoires d'amour d'une fille de 20 ans dans les années 60, puis celles de sa fille des décennies plus tard.
Et ce coup ci, les situations, les dialogues et le jeu des acteurs (Garel excepté, j'ai un vrai problème avec l'interpétation si décalée de ce type) touchent par leur justesse et leur pertinence. Et une fois encore, les morceaux chantés qui ponctuent ces scènes surviennent à chaque fois tellement naturellement et surtout, Beaupain n'a absolument rien perdu de sa patte (qu'on reconnait dès les premières notes et les premiers mots, la marque des plus grands) et de son excellence à trouver des textes et des mélodies qui s'imbriquent parfaitement avec l'histoire racontée sous nos yeux. Plusieurs fois, un "wouah" d'admiration s'est échappé de mes lèvres devant la beauté des rimes, des mots et des mélodies choisis, et dans ces moments là, le palpitant s'envole et les yeux se mouillent.
Du coup, je me suis empressé d'aller sur Deezer écouter l'album (et l'ai acheté dans la foulée) et me suis aperçu que deux chansons ne figuraient pas dans le film. A croire que la première version non coupée du film durait encore bien plus que ces 2 heures 15, et personnellement je n'y aurais vu aucun problème à demander du rab, tant j'étais sous le charme.
Bon, évidemment, et même si certains passages avec Michel Delpech et Milos Forman allègent un peu l'atmosphère, la teneur d'ensemble, et notamment la fin est quand même bien sombre. Si l'on passe sa vie à se bruler les ailes au jeu de l'amour et poursuivre l'homme qui ne nous convient pas, le bonheur ne peut frapper à la porte, et la solitude de devenir la seule compagne qui vaille le coup. Et cela, la dernière chanson murmurée superbement par Catherine Deneuve (dont j'apprécie de plus en plus le jeu d'actrice pour le coup) ne fait que nous le confirmer. Mais personnellement, j'ai toujours trouvé aux oeuvres les plus tristes le plus de beauté et de force émotionnelle, donc évidemment, cela ne m'a pas géné outre mesure, bien au contraire.
Toutefois, tout le monde n'est visiblement pas de mon avis ( et une certaine partie de la presse qui s'était embalée pour les autres films d'Honoré ont un peu laché le réalisateur sur ce coup-ci), c'est pour cela que je ne vous en ferais pas des tonnes sur ce film (comment cela, c'est trop tard?), et vous laisse simplement avec la bande annonce, en espérant qu'elle réussira à convaincre les hésitants à y aller.