Une séparation : le cinéma iranien à son top
Un peu moins d'un mois avant la fin d'année, il est plus que temps de songer aux différents bilans et top 10 que je peux faire (bah oui, quoi, Télérama nous a déja demandé de lister nos 10 films préférés). Et c'est ainsi que le mois de décembre est souvent celui pendant lequel j'ai envie de voir les films marquants de l'année que j'avais raté au cinéma, histoire que je sache si je dois les inclure ou pas dans ces classements des meilleurs films de 2011.
C'est pour cela que lors de ma dernière virée à mon vidéo club, j'ai longuement hésité entre deux films phénomènes de cette année ( enfin je ne parle pas d'Intouchables ou The artist car évidemment ils ne sont pas encore sortis à la location). J'ai commencé à me jeter sur Tree Of life, la dernière palme d'or, mais ayant eu peur que la vision sur mon écran de télévision restreigne l'ampleur de la mise en scène de Malik, j'ai opté pour un film plus intimiste, et qui n'est pas non plus passé inaperçu : Une séparation.
Cette séparation a été peut-être un des succès les plus surprenant de cette année 2011 non pas par l'ampleur (les 10 Millions d'Intouchables étant évidemment hors concours), mais par le pays d'origine, les acteurs totalement inconnus, et le peu de moyens qui auguraient d'une sortie en catimini sur nos écrans.
En effet, jusqu'à présent, les films iraniens qui avaient connus le succès avoisionnaient péniblement les 200 000 entrées, et là, ce film d'Asghar Farhadi a rencontré le public de manière foudroyante, porté notamment par un bouche à oreille rarissime, si bien qu'au total ce sont plus de 1 Millions de gens qui, petit à petit, ont été emportés par l'histoire de ces deux couples iraniens qui, a priori, n'avaient rien pour se croiser et dont le destin va basculer.
Ces couples, ce sont d'abord Nader et Simin, qui, dès la toute première scène du film, sont devant le juge pour engager une procédure de divorce, et cette séparation- qui donne le titre au film- va déclencher une foule d' évenements extérieurs. Une fois sa femme parti au domicile, Nader aura besoin d'une tierce personne pour s'occuper de son père, malade d'Alzeimer, et cette jeune femme, Razieh, enceinte, et dont le mari est au chomage, va travailler chez Nader jusqu'à ce qu'un tragique accident vient chambouler la donne et faire liguer ces deux couples l'un contre l'autre.
Inutile d'en dire plus, pour ceux qui n'ont pas pu voir le film dans les salles, car la qualité première du film est incontestablement son scénario, la façon dont il s'imbrique, et également la qualité d'écriture des situations et des personnages. En effet, rarement cette année on a vu au cinéma des hommes et des femmes aussi riches humainement parlant, et dont on ne sait s'ils ont tort ou raison. Un personnage que l'on déteste à un moment du film nous parait nettement plus touchant quelques instants aprés lorsqu'on connait ses vraies motivations, et c'est cette ambivalence dans les caractères des différents protagonistes, incroyablement juste, qui contribue à la grande réussite du film.
On a également beaucoup loué la tension incroyable qu' Asghar Farhadi met dans ses scènes, transformant ce qui pourrait être une simple chronique de moeurs en un intense thriller. Si le terme de thriller me parait quelque peu exagéré, car nous ne sommes pas à Holywood, il est clair que l'affrontement entre les protagonistes est vraiment passionnant, surtout dans la dernière heure, mais avant tout grâce à un scénario d'une rare intelligence à la fois pleinement réaliste et plein de rebondissements.
Passé les premiers instants où le grain de l'image est forcément un peu moins joli que dans nos fictions habituelles et où certaines attitudes des personnages ne correspondent pas forcément à nos réflexes d'occidentaux, on se met à oublier toutes nos réticences et se laisser absolument porter par la force de l'intrigue et la complexité des personnages qui confinent, au bout du compte à un universel qui est pour beaucoup dans le succès du film.
Assurément, une séparation est bien une des grandes oeuvres cinématographiques de cette année 2011 que je ne regrette pas d'avoir vu avant que l'année ne se cloture. Sera- t-il dans mon top 10? Plus beaucoup de temps à attendre avant de répondre à cet incroyable suspens....:o)