Les séparés: Quand Juju magnifie les poèmes d'amour
Tiens, sans le faire vraiment exprès, voilà que mon billet du jour fait un parrallèle à celui d'hier. Après Une séparation, voici que je vais parler des séparés, bref encore une histoire de gens qui ne vivent plus ensemble, comme quoi c'est un thème éternel dans l'art, quelque soit son mode d'expression.
Ici, l'oeuvre dont je veux parler a eu moins de renommée que le film iranien sorti cette année, et c'est normal, puisqu'il s'agit du nouveau volet de ma rubrique les trésors cachés de la chanson française, et que si ce morceau avait été vendu par des milliers d'auditeurs, eh ben, le trésor ne serait pas vraiment caché.
Bref, à l'origine, cette chanson Les séparés de l'immense Julien Clerc n' en est pas une (de chanson, bravo à ceux qui suivent), mais un poème datant du 18ème siècle, et écrit par une poétesse, une certaine Marceline DESBORDES-VALMORE, à l'oeuvre abondante, mais plutot inconnue du grand public.
Un jour Bertrand de Labbey l'agent de Julien, lui fait découvrir le poème « Les séparés ». Julien tombe sous le charme et composera une mélodie et l'interprétera dans l'album intitulé "Julien" qui sort en 1997.
Le poème en lui même, le voici:
Les séparés
N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
Les beaux étés sans toi, c'est l'amour sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau.
N'écris pas!
N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu'à Dieu...qu'à toi, si je t'aimais!
Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais.
N'écris pas!
N'écris pas. Je te crains ; j'ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N'écris pas!
Ces quelques vers sont déja d'une grâce et d'une justesse éblouissante, mais mis superbement en musique par Juju lui même (qui est un vrai grand compositeur, et qui a toujours mis lui même les mots des plus grands paroliers d'Etienne Roda Jil, Jean Loup Dabadie, et Carla Bruni... cherchez l'erreur :o) et porté par la voix, non moins superbe, et reconnaissable à tous de notre Juju national, toujours aussi fringuant à 49 ans ( à l'époque de la chanson) ou à 63 ( actuellement).
Mais arretons de parler de choses qui fachent (le temps qui passe) et écoutons, si vous le voulez bien, cette illustration parfaite qu'un poème oublié peut devenir une grande chanson, même si un peu oubliée elle aussi. Et promis, demain, je ne parle pas du livre Dan Franck Une séparation que j'ai lu aussi, vous risquerez de saturer quelque peu...