xavier-dolan-cheveuxLorsque je suis allé voir Laurence Anyways, le dernier film de Xavier Dolan, ce petit prodige québécois de 23 ans, qui en est déjà à son troisième film, je n'avais pas encore vu ses deux premiers, Comment j'ai tué ma mère et Les amours imaginaires,et je n'avais pas lu d'interviewes de lui.

Et je dois dire que cela est bonne chose car je ne suis pas sûr  du tout que tout cela m'aurait poussé à aller le visionner en salles, et j'aurais eu bien tort.

En effet, quelques jours après être ressorti totalement renversé par le choc Laurence Anyways, son dernier film sorti le 18 juillet dernier, j'ai voulu sortir de son emballage le DVD de son précédent film, Les amours imaginaires que j'avais acheté il y a plusieurs mois, et mon enthousiasme est totalement retombé d'un film à l'autre.

Certes, on reconnait effectivement le style Dolan dans les 2 films (un peu comme on reconnait le style AlmodLAURENCE-ANYWAYS-3ovar ou le style Allen, et à 23 ans, c'est quand même un vrai tour de force)  : un esthétique parfois kitsch, et totalement assumé dans les costumes et les décors, une utilisation de la musique proméninente et très judicieuse, une facon de jouer avec la caméra et les travellings avant et arrières, l'emploi des mêmes acteurs secondaires, un soin particulier apporté à la lumière et au cadre, et d'autres particularismes que j'oublie...

Mais ce qui a fonctionné dans un (Laurence Anyways) n'a pas marché dans l'autre ( Les amours imaginaires), pour une bonne et simple raison : le sujet. Si dans Laurence Anyways, l'intrigue, extremement ambitieuse et d'une vraie ampleur, nous raconte un amour totalement impossible à travers 10 ans d'une vie d'un couple, Les Amours imaginaires se focalisent sur une intrigue bien plus frivole et bien plus anodine avec des personnages assez agacants de superficialité.

Quant aux entretiens que j'ai pu lire avec Dolan et les journalistes après avoir vu Laurence Anyways,on ne peut pas dire qu'elle plaide en sa faveur : tout le monde lui dit tellement qu'il est fantastique, ce réalisateur québécois de 23 ans que la moindre de selaurence_anyways_1_recadres paroles est remplie d'une morgue et d'une suffisance  que je trouve assez détestable.

Mais le fait est que j'étais bien allé la semaine de sa sortie voir Laurence Anyways, et mon but n'est pas de vous dégouter des Amours Imaginaires, mais bien de tenter de vous convaincre à aller voir ce magnifique troisième film de Xavier Dolan, film dont la beauté d'ensemble efface totalement les quelques scories, défauts inhérents au cinéma de Dolan.

Tout ne fonctionne pas chez Dolan, certaines scènes font plus que froler le ridicule, quand certains ralentis n'apportent absolument rien à l'histoire, mais sur les 2 h27 de film, qui passent quand même comme une lettre à la poste, l'esthétique et l'inventivité visuelle sont constamment au rendez-vous

Xavier Dolan s'amuse en effet, et dans son scénario et dans sa réalisation, à briser les codes et à tenter laurence-anyways-suzanne-clement-shayne-laverdierede nous montrer la complexité de chaque être humain : le Laurence, incarné tout en sobrieté par Mevlil Poupaud étonnant de sobriété, est un homme pétri de doute, de contradictions, de moments de grandeurs, de faiblesses le jour d'après, bref un homme (avec un grand H) dans toute sa splendeur

Et en grand fan devant l'éternel des histoires d'amour au cinéma,   j'ai été littérallement subjugé par cette magnifique et flamboyante love story, celle de ce prof de littérature de 35 ans et jeune romancier prometteur, et de cette scripte dans le cinéma, qui s’aiment depuis quelques années avant qu'un jour, l'homme  Laurence révèle à Fred qu’il a toujours voulu être une femme, et lui demande de l’accompagner dans son processus de transformation.

Et cette confusion des genres ne pourra entrainer que le délitement de cette  histoire d'amour dans le temps , et Dolan nous racontera ce déclin avec ce qu'il faut d'intensité d' humour et  de gravité. Tout en n'oubliant pas de constuire un magnifique personnage de femme,  celui de Fred, peut- être encore plus beau que celui de Laurence, incarné par une actrice phare du Québec mais inconnue en France, Suzanne Clément.

Sa composition est incroyable de vérité, d'abnégation et d'une rage qu'elle laissera éclater dans deux ou trois scènes incroyablement mémorables d'intensité.

Bref, ce jeune homme est certainement une vraie tête à claques, à qui un peu d'humilité ne ferait pas mal, mais au vu de son dernier film, qui, à mes yeux,  est sans conteste un des films les plus forts  que j'ai vu en 2012, il est déjà un cinéaste de très grand talent!!!