Baz'art  : Des films, des livres...
23 novembre 2012

Une rengaine quelque peu lassante

Rengaine2Je ne veux pas jouer les types qui se la racontent (comment ça, c'est déjà fait?), mais alors que tout le monde a semblé découvrir Rachid Djaïdani lors de sa présentation choc de son film Rengaine au Festival de Cannes, le type était loin d'être un inconnu pour moi, qui avait suivi à la fois sa carrière de comédien (notamment dans les films Osmose et L'age d'homme  de Romain Fréjo avec Romain Duris) ou encore dans les romans qu'il a pu écrire au début des années 2000, comme son Boumkeur qui m'avait laissé une impression KO debout... cette impression était voulue par l'auteur lui même, Rachid Djaidani étant est un ancien boxeur et a le projet , d'après ses propos, "de construire  toutes ses oeuvres comme des upercuts".

Il est vrai que les années passant, j'avais un peu oublié son existence, et lorsqu'il m'arrivait de penser à lui, j'imaginais  qu'il avait disparu, comme tant d'autres avant lui, des radars du monde de la Culture, mais  en fait, la raison en est toute autre : Rachid Djaïdani, qui a aussi été régisseur de Mathieu Kassovitz pour son mémorable film La Haine,  préparait en fait son premier film en tant que réalisateur, et a mis neuf ans de sa vie pour tourner et monter cette première oeuvre, en toute indépendance, notamment financière.

Comme j'aimais bien la singularité de l'artiste, j'étais ravi de voir réapparaitre son nom lors de ce festival de Cannes 2012, d'autant plus qu'il a connu un retour en tous points triomphants, son film ayant été acclamé par à peu près toute la presse présente au festival. Et cette unanimité n'est pas retombée du tout plusieurs mois après lorsque le film est enfin sorti en salles. : tout le monde loua alors la révélation d'un véritable cinéaste, qui, à les entendre nous livra un brulot absolument extraordinaire et révolutionnaire  et sur le fond et sur la forme.

A la vision de cette Rengaine, j'avoue  avoir un peu de mal à adhérer à l'enthousiasme ambiant. Dieu sait que le sujet de départ m'interesse énormément et est réellement novateur dans le cinéma français. Traiter d'une histoire d'amour entre un  noir et chrétien. et une maghrébine musulamne dont le futur mariage sera emmpeché par les 40 frères de celle ci pour nous démontrer qu'aucune communauté n'a de lecons àr ecevoir en matière de préjugés et de sectarisme, sur le papier, c'est une vraie belle idée de cinéma.

Le gros problème est que cette belle idée ne m'a pas du tout semblé être exploitée à fond : le scénario reste vraiment en l'état des bonnes intentions, noyé par la même scène qui revient plusieurs fois de manière incessante (un peu comme une rengaine justement ) : le plus farouche de ces 40 frères qui essaie de convaincre le reste de la fratrie de l'impossibilité de cette union. Mais présenter plus de 40 personnages en une heure quinze comporte un risque : celui de simplement les esquisser, et de les ériger en simple silhouette qui ont (ou non) leur petite minute de bravoure, avant qu'elles ne soient totalement rayés de la carte pour toute la durée du film.

Un seul personnage existe en fait réellement, Slimane, celui qu'on pense ( à tort, voir la fin, pour le coup plutot gonflée) comme l'ainé, et qui a les moments les plus forts du film...il faut dire qu'il est interprété par Slimane Dazi, déja remarquable dans le Prophète, et qui plane ici à 100 coudées au dessus des autres comédiens, certains des comédiens ayant quand même de gros problème de justesse...

Hélas, même son personnage m'a tout de même semblé être un peu sacrifié et on aurait aimé en savoir plus sur ses réelles motivations et sur ses contradictions apparentes ( il vit lui même une histoire d'amour avec une juive)... Quant au couple d'amoureux en question, là encore, la frustration domine tant on voit surtout des scènes où Dorcy le jeune noir, apprenti comédien (joué par Stéphane Soo Mongo, lui aussi disparu depuis des écrans depuis  plus 10 ans et son role dans le ciel les oiseaux, ta mère, le premier role de Jamel Debbouze au cinéma) se fait humilier dans sa recherche de roles plus ou moins sérieux...Le ton, plus léger, veut apporter de la fantaisie au propos si lourd du film, mais complétement déconnecté du reste du film, elles manquent bien de liant...

Le scénario manquant de charpente, on aurait aimé que la mise en scène rattrape le coup, mais là,c'est un peu la bérézina que le manque de moyens ne justifie pas entièrement. J'ai déja un peu de mal en régle générale avec le principe de la caméra à l'épaule, même lorsqu'elle est parfaitement maitrisée ( le Dogme danois ou le cinéma de Cassavetes), mais là, entre les flous incessants,  zooms assez irregardables, le cadre qui s'échappe plus d'une fois, et la caméra qui a constamment la tremblote, on a une impression d'amateurisme qui finit de plomber le film...

 Décidemment une rengaine que j'aurais tant voulu autant aimé que les journalistes (et visiblement le public, à en croire les avis sur allo ciné), mais que je n'ai pas très envie de fredonner à la sortie du film....

Un grand merci à Laurelas de m'avoir fait gagné les places!!!

Commentaires
R
Bonsoir, Rengaine je l'avais vu en Mai et comme je le disais c'est une affaire de goût, je suis ressortie contente pour l'histoire , mais c'est vraiment un film qui manque de rythme, trop de gros plans, et on finit par se lasser, dommage. Je suis donc tout à fait d'accord avec toi, j'ose espèrer que durant ces 9 années de préparation le réalisateur à quand même fait autre chose....Bon week end.
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F
oui je sais, c le lot de la critique...on démolit en une heure le travail de neuf ans, c'est un peu ingrat...je t'avouerai que si je n'avais pas su qu'il avait mis autant d'années j'aurais été plus indulgent...mais la tu te dis : "neuf ans pour ca?"...et puis bon, d'autres l'ont tellement défendu ce film que je me fais pas de souci pour lui, il est vachement fier de ce qu'il lui arrive et tant mieux pour lui
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M
Ah c'est dommage de ne pas aimer un film auquel le réalisateur a consacré 9 ans de sa vie! Je ne l'ai pas vu et ne pense pas aller le voir, d'ailleurs ton article ne m'y incite pas... Bon week-end Filou!
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