Yossi, la nouvelle perle du cinéma israélien
Après le Policier, sur lequel je suis revenu plusieurs fois sur mon blog, notamment à l'occasion d'un jeu concours organisé grace à Bodega Films, je vous parle d'un autre - très joli- film israélien, sorti très récemment en DVD ( le 6 mai dernier) et également édité par la même société de distribution.
Il s'agit de Yossi, réalisé par un de mes cinéastes israëliens fétiches, Eytan Fox, auteur de 2 films des années 2000 qui m'avaient enthousiasmés. Tout d'abord, le film " Tu marcheras sur l'eau » en 2004 ( Le film fut nominé aux César, dans la catégorie meilleur film étranger) l’histoire d’un agent du Mossad qui se lie d’amitié avec le petit-fils homosexuel d’un ex-officier nazi. . Et ensuite, tout aussi réussi, « The Bubble », tourné en 2006, et qui raconte l’histoire de deux hommes qui tombent amoureux, l’un palestinien, et l’autre israëlien, le film connu un bien beau succès et remporta plus de 20 prix dans le monde.
Le cinéma d'Eytan Fox possède ses thèmes récurrents, parmi lesquels l'homosexualité ( le cinéaste est un militant homosexuel affirmé) et le militarisme, la société israélienne étant encore sous l'emprise évidente de la diaspora militaire.
Ces thèmes sont d'ailleurs très prégnants dans ce Yossi, film plus modeste dans sa forme et dans son fond que ses deux chefs d'oeuvre précités. En fait, Yossi est une suite à un de ses tous premiers films, « Yossi et Jagger », réalisé en 2002 ( et que j'avais hélas raté).
Il est assez rare que des films d'auteurs aient droit à une suite, mais là, visiblement, la demande vient des étudiants en école du cinémà où enseigne le metteur en scène, qui voulait savoir où en était Yossi, le personnage principal de ce film, suite à la mort brutale de Jagger.
En effet, Yossi & Jagger racontait cette histoire d'amour entre soldats qui se terminait par la mort de l'un des deux sur le front libanais.
Dix ans plus tard, le cinéaste israélien retrouve le personnage de Yossi, empâté et triste comme les pierres. Loin de la guerre, puisqu'il se passe en grande partie dans la station d'Eilat, une station balnéaire d'Israël, le film décrit les affres du deuil et le début d'une renaissance.
Dix ans après, le docteur Yossi Hoffman est devenu un cardiologue valeureux et dévoué qui utilise son travail comme un moyen d'échapper à sa vie et à l'angoisse. Il vit seul, incapable de percer les murs et les défenses qu’il a construites autour de lui depuis la mort de son amant. Même ses collègues, un médecin récemment divorcé, qui tente d’entraîner Yossi dans un monde de femmes et de drogue, une infirmière solitaire secrètement amoureuse de lui, semblent incapables de se rapprocher de lui. Après une confrontation avec les parents de Jagger (très belle scène délicate et si forte en même temps) pour enfin faire son deuil, il part sur les routes du sud où il va retrouver goût à la vie...
Yossi va alors voyager vers la ville d'Eilat où il rencontre un groupe de jeunes officiers et parmi lesquels, le beau Tom, plein de confiance en soi et ouvertement gay, représente un monde nouveau…
Comme dans ses précédents films, le film démontre tout le talent du cinéaste à traiter son sujet et ses personnages avec beaucoup de finesse et de pudeur. La gaucherie de Yossi, ses maladresses, la discrétion de son amant qui, pourtant, lui, ne fait pas mystère de ses goûts érotiques, sont très bien décrits et la progression l’un vers l’autre de ces deux amants si dissemblables est vraiment touchante, à bien des égards.
Yossi est un film particulièrement attachant en grande partie grâce à son personnage principal incarné avec énormément de justesse par Ohad Knoller, ce gros nounours si fragile et si émouvant ( notamment lorsqu'il écoute une vieille chanson chantée par Keren Ann lors d'un concert, moment assez magnifique).
Bref, Yossi est une histoire simple et sobre, tout en émotion retenue, qui dit, mine de rien, pas mal de choses sur la condition gay aujourd'hui, en Israël et sur la capacité que tout homme possède pou renaitre à la vie. Ce n'est certes pas le meilleur film d'Eytan Fox, en comparaison de ses deux très grands films, mais ce Yossi reste tout de même hautement recommandable.