Baz'art  : Des films, des livres...
18 octobre 2013

Lumière 2013: Que cette soirée d'ouverture fut (Bé)Belle!!

affiche-belmondo-horizontale L'édition 2013 a beau être la déjà 4ème édition du Festival Lumière que je suis (j'avais raté la toute première), cette année fut marquée pour moi d'une toute première, celle où je pus enfin assister à la cérémonie d'ouverture.

Les autres années, j avais toujours de bonnes ou mauvaises raisons qui expliquaient mon absence à cette soirée, optant alors en compensation pour la soirée de remise du prix et/ ou celle de cérémonie d'ouverture.

Je n'avais donc jamais eu l'occasion de voir cette tradition si chère à Thierry Frémeaux,  qui veut qu'une grande partie des artistes invités viennent sur scène déclarer ouvert le Festival, et j'avoue que ce moment vaut son pesant d'or ( cette année, deux "prises" ont été nécessaires, la première version étant jugée par Frémeaux -et le public- un peu trop molle).

Certes, étant continuellement à la bourre (c'est cela lorsqu'on veut à tout prix rentabiliser le moindre seconde de son si précieux temps), j'ai pris place tout en haut de l'immense lumiere bebelHalle Tony Garnier, et je n'ai pu voir que sur écran géant l'arrivée de toutes ces stars, dont la plus attendue était évidemment celle que mettait en lumière cette soirée d'ouverture, l'immense comédien Jean Paul Belmondo, invité spécial de cette 5ème édition.

Toutes ces stars (Belmondo, accompagné de son fils Paul et de sa  célèbre chienne Chippie, mais aussi Jean Pierre Marielle, Jean Rochefort, ses amis, avec qui il a débuté et puis d'autres acteurs très connus comme Daniel Auteuil, Richard Berry, Pierre Richard, Clotilde Courau, Mélanie Thierry (dont on devinait sur grand écran le ventre rebondi ), Irène Jacob, Richard Anconina), on les attendait plus ou moins pour la cérémonie d'ouverture.

La seule star dont on ne doutait pas la présence dès ce lundi fut Quentin Tarantino,le prix Lumière himself, attendu seulement mercredi et qui avait avancé son arrivée spécialement pour l’occasion (et Frémeaux n'était pas mécontent de l'effet de surprise qu'il a occasionné grâce à cette venue anticipée).

Il faut dire que Quentin T. apprécie particulièrement Bebel, et ne s'est pas privé de le clamer haut et fort au micro, dans un discours qui prouve le talent d'écriture du bonhomme:  "Quand j’ai découvert "A bout de souffle", j’ai remarqué un jeune comédien qui se tenait devant un poster d’Humphrey Bogart. Il rêvait sans doute de prendre sa place. Les vingt années qui ont suivi, d’autres garçons, moi y compris, ont contemplé à leur tour des affiches avec Jean-Paul Belmondo en espérant être lui. De la Nouvelle Vague aux films noirs, il a tout fait. Même ses cascades, et bien avant Jackie Chan. Son nom, Belmondo, ne définit pas seulement un homme et une star. C’est aussi un verbe qui signifie vitalité, charisme, esprit et super "coolattitude" " 


Ce si vibrant hommage (notons le néologisme de "coolattitude" inventé spécialement par Tarantino),  émis, belle ironie du sort, par un des metteurs en scène le plus cool du monde, ne pouvait que toucher la corde sensible de Bébel, comme l'a fait également la superbe vidéo/ montage( qu'est qu'ils sont bons pour ce genre de clip, l'équipe de Lumière, je me le dis tous les ans!), qui retraçait les temps forts de sa carrière un parcours d’exception.

Car si Belmondo a joué dans des nanars au début des années 80 où il accumulait les cascades sans  aucun scénario derrière,  c'est aussi Pierrot le fou, le Doulos,  l'Homme de Rio, ( cf ma chronique ici même), orsalino et évidemment , pour le fan de Lelouch que je suis, l'énormissisme "Itinéraire d'un enfant gaté" que j'ai du voir 10 fois en deux ans ( je sais que je vais en agacer plus d'un avec cette affirmation, j'assume)!!

Tout ces films et ce parcours hors du commun, Thierry Frémaux, ce formidable et toujours aussi passionné maître de cérémonie, n'a pas pas manqué de le rappeller. Et encore plus survolté que Frémeaux ,  l'immense ( dans tous les sens du terme) Bertrand Tavernier, Président de l'Institut Lumière, et toujours aussi fringant, n'a pas manqué de nous narrer plein anecdotes truculentes et drôles qu'ils avaient du temps où Tavernier était attaché de presse sur les premiers films de Bebel.

 Bien handicapé depuis son accident vasculaire cérébral survenu il y a plus de dix ans, Jean-Paul Belmondo, visiblement très ému,  a alors  dit  juste quelques mots au micro : "Je voudrais remercier tous ceux qui ont fait un hommage pareil, c’était formidable". Evidemment, les difficultés d'élocution évidentes qu'il avait du surmonter pour énoncer ces quelques mots tranchaient énormément avec l'image du jeune fringant vu sur grand écran quelques minutes avant, mais cela rajoutait forcément à l'émotion ressenti par les 4500 spectateurs de la Halle Tony Garnier. Le public du reste ne s'y est pas trompé, et beaucoup étaient en larmes pour lui rendre l'ovation qu'il méritait amplement.


Un public, dont votre humble serviteur, qui a ensuite,  plus d'1 h 30 après le début de la cérémonie, assisté à la projection d’Un singe en hiver (1962), d’Henri Verneuil, sous-titré en anglais pour Quentin Tarantino et quelques autres producteurs et cinéastes américains (un sous titrage absente de la première projection, ce qui a entrainé une interruption au bout de 10 minutes de film) .

Tiré du roman éponyme d’Antoine Blondin, Un singe en hiver a été réalisé par Verneuil en 1962 d’après un scénario de François Boyer et des dialogues de Michel Audiard. Le film, énorme succès à sa sortie, a certes été multi-diffusé à la télévision française, mais j'étais toujours passé à coté, en me disant, avec ce genre d'a priori qu'on a toujours un peu, que ce genre de cinéma n'était pas pour moi.


Or, après avoir mis quelques minutes à rentrer dedans ( Gabin en ivrogne cabotine quand même énormément, il faut être client de ce genre de jeu) , ce Singe en Hiver m'a totalement conquis. Conquis par les  dialogues vraiment épatants d' Audiard (pas forcément ma tasse de thé au départ, je ne suis pas de ceux qui ont revus 15 fois Les Tontons Flingueurs), et par ce lien d'amitié entre ces deux personnages qui se retrouveront par cette même solitude et cette même façon de s'évader par l'alcool.

Je ne sais pas pourquoi mais, avant la projection, j'imaginais ce film comme un film outrancier,  pétaradant ( comme certains autres films de Bebel) avec plein de cascades et d'action, or il n'est en rien, il  ne se passe pratiquement rien dans ce Singe en Hiver, mais c'est ce presque rien qui est beau, et certaines scènes ( le feu d'artifice sur la plage, le retour dans le restaurant chinois...) sont pleines de poésie et de tendresse  typiques de ce cinéma des années 60-70, et qui ont contribué à faire de cette projection un ravissement qui prolongeait l'enchantement de cette magnifique soirée hommage à cet immense acteur qu'est Jean Paul Belmondo.

A noter que ce  singe en hiver a été restauré et numérisé à l’initiative de l’ayant-droit Roissy Films par le laboratoire Digital Factory avec le soutien du CNC, et que la copie est absolument magnifique . Et pour la première fois depuis longtemps, il sera à nouveau disponible pour lesLa-bande-du-Conservatoire salles de cinéma, distribué par Tamasa Distribution, à partir du 13 novembre prochain!! .

Et à noter également un très beau livre qui figurait dans ma PAL depuis pas mal de temps et que j'ai lu dans le métro, dans le prolongement de cette soirée de lundi dernier, intitulé " La Bande du conservatoire" ( publié chez Sonatine, dont j'ai déjà parlé hier), du nom de l'école dans laquelle a débuté Belmondo en personne.

En effet, ce livre, de Philippe Durant ( dont j'avais déjà beaucoup aimé son livre Les Elephants qui parlait plus du cinéma des années 70), revient justement sur ses débuts, à l'aube années 50, mais également  des débuts de tous ces jeunes acteurs  de la même génération ( Marielle, Rochefort, les mêmes dont j'ai parlé au début de mon billet, mais aussi entres autres Bruno Crémer et Claude Rich ) , qui deviendront  pour toutes ou presques, de grandes stars du cinéma francais quelques décennies plus tard, et qui ont porté un courant d'air frais sur le Conservatoire National d'Art Dramatique, la très prestigieuse école française de comédiens.

Cet ouvrage est un témoignage assez saisissant sur ce qu'est vraiment une école d'acteurs, on rentre de l'intérieur un peu comme une  Star Academy  à la différence près qu'il y a là que des gens talentueux!

Truffé d'anecdotes amusantes et passionnantes, ce très beau témoignage sur cette école mythique est également ouvrage très documenté et plaisant à suivre, m'a bien fait prolonger l'ambiance entre nostalgie et déconne de cette si belle soirée d'ouverture du Festival Lumière (un festival qui attaque sa dernière ligne droite ce week end, mais j'y reviens bientôt sur la suite des évènements que j'ai pu suivre là bas).

 Edit : après correction, et pour revenir au commentaire avecPotzina, le néologisme inventé par Tarentino est "supercoolitude" plutot que coolattitude :o)

Commentaires
R
Bonjour, quelle soirée en effet, tu as vraiment du te régaler !!!! Cette "ancienne" génération d'acteurs (même si certains tournent encore) devient petit à petit un mythe tout comme Belmondo qui fait partie de notre patrimoine cinématographique français ! Bien sympa aussi de nous avoir parlé de ce livre "la bande du conservatoire" je ne connaissais pas, bien intéressant. J'ai l'impression que ce festival prend de plus en plus d'ampleur j'ai vu un reportage à TV pour la 1ère fois. Tarantino en personne c'est quelque chose quand même. Et pour en revenir aux films des années 70 , 80 j'ai un faible pour les films de claude sautet et ceux de claude Lelouch. Tu dois bien apprécier aussi je pense, allez bon week end . :)
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B
ah dès qu'on peut casser le tarantino miss tu y vas: o) bon ben Frémeaux avait oublié Steve Mac Queen car c'est lui qui a dit qu'il avait inventé, j'ai repris betement l'info :o)<br /> <br /> ah mais mon ciné français à moi commence à partir de 1975-1980 tu sais, j'ai par exemple jamais vu les tontons flingueurs, ou la grande illusion ou tous les premiers truffaut... j'ai de grosses lacunes sur le ciné d'avant ma naissance donc non ca n'a rien d'étonnant :o) merci Potz pour ton com
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P
La coolattitude existe depuis longtemps, on a inventé le mot pour Steve McQueen :) N'empêche que notre Bebel était un acteur charismatique, un vrai fantasme pour les femmes et les hommes. Je suis très triste de le voir si diminué mais il est encore parmi les siens et c'est le principal.<br /> <br /> Je n'arrive pas à croire que tu n'avais jamais vu Un singe en hiver, toi qui aime tant le ciné français. Tu as eu de la chance de le découvrir pour la première fois dans de telles conditions :) <br /> <br /> Encore un bien beau billet, merci filou !
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M
Waouh, ça devait être une super soirée! ;)<br /> <br /> Je n'ai jamais vu "Un singe en hiver", il faudrait que j'essaie dy remédier!
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