Baz'art  : Des films, des livres...
30 décembre 2013

The immigrant : James Gray est (toujours) grand!!

The-immigrant

A moins de deux jours du baisser de rideau de l'année 2013, il est temps de vous parler des tous derniers films que j'ai pu voir en une année 2013 très prolixe en bons films, histoire de les intégrer ou non dans mon top ten que je vous livrerai la semaine prochaine ( mais dès demain, c'est le votre que je vous dévoile).

Et forcément, dans ces potentielles pépites de la fin d'année, je ne peux passer sous silence le film que j'avais placé en tête de mes attentes avant mêe que l'année 2013 ne débute (même si à l'époque son titre était différent), je veux parler de "The Immigrant", le tout nouveau long métrage de l'immense James Gray dont au moins deux de ses 4 oeuvres  "La nuit nous appartient » et « Two lovers » font partie de mes films préférés de tous les temps.

J'attendais donc avec une impatience énorme ce 5ème long métrage, et ce n'est plus son accueil plus que tiède qu'il a connu en mai dernier lors de sa présentation au festival de Cannes 2013 qui pouvait refroidir mon enthousiasme, d'autant plus que je pensais qu'avec ce film, il allait se passer le même phénomène que pour les autres films de Gray: un accueil réservé à Cannes, une absence du Palmarès et ensuite, quelques mois après lors de sa sortie, tout le monde qui crie au génie.

En tout cas, cela s'était passé ainsi pour les deux films dont je viens de parler, et j'avais bon espoir que cela soit aussi le cas pour ce "The Immigrant" qui possédait a priori toutes les cartes pour me séduire, vu que Gray allait encore plus loin dans le mélo, mon genre préféré, un genre avec lequel il avait simplement flirté lors de ces précédents films.

Hélas, cette année, pas vraiment de revirement pour James Gray et alors même que les critiques américaines qui l'ont toujours boudé ont tendance à plus l'apprécier, les critiques françaises, dans leur majorité, et notamment les blogueurs n'ont pas été bien tendres pour le film, le trouvant froid, académique, trop classique, ampoulé, que sais je encore?

Cela ne m'a bien sur pas empeché d'aller courir dès la première semaine d'exploitation le voir dans la salle de mon cinéma fétiche, Le comoedia.

Et, disons le, tout de go, une fois de plus, le cinéma de James Gray m'a happé, fasciné, envouté....

Peut-être suis-je finalement comme ces magazines ciné du style "les cahiers du cinéma" ou "Positif", qui défendent la politique des auteurs et vont adorer forcément un film d'un réalisateur défendu depuis le début, même lorsque ce cinéaste fait un film manifestement mineur, mais ma lune de miel avec les films de Gray n'a pas pris fin avec cet Immigrant.

Alors, j'admets, si je veux être totalement objectif, que mon premier sentiment face à cette oeuvre que j'ai tant attendu, était sans doute un peu déceptif car devant un mélo assumé comme tel, j'aurais aimé sortir les yeux baignés de larme (comme je l'ai été cette année face à Alabama Monroe), et sans doute, il y a un déficit émotionnel du, aussi paradoxal à ce que cela puisse paraitre, à la perfection affichée, du film, qui l'enferme parfois dans un carcan un poil trop compassé.

Mais en même temps, avec le recul, "The Immigrant "est une oeuvre rare qui laisse indibutablement des traces dans ma mémoire plusieurs jours après l'avoir vu, tant la mise en scène de Gray frappe par son intelligence, sa finesse, et sa beauté visuelle à toutes épreuves (photographie de Darius Khondji très travaillée et donnant un coté crépusculaire totalement envoutant au film ). 

 Car tout ce qui constitue la vraie beauté des films de Gray, ces précédents comme celui ci, c'est tout ce qui fait habituellement le miel des tragédies grecques d'antan, avec des personnages plongés dans des dilemmes d’autant plus émouvants que le spectateur s’y sent automatiquement et totalement impliqué. Le film prend pour toile l'arrivée d'une immigrante polonaise en amérique du début du XXièsiècle et aborde donc divers sujets oh combien passionnants et essentiels sur l'envers du rêve américain et la difficulté pour ne pas dire impossibilité des immigrés à s'y intégrer, des thèmes qui sont ainsi traités à l'aune du vrai mélodrame, sans aucun second degrès possible.

Et on ne peut que louer l'audace de Gray d'aller à contre courant des histoires contemporaines en optant pour un mélodrame à la Douglas Sirk, de ceux de l'époque de l'âge d'or du Cinéma Holywoodien.

Un mélodrame dans le sens le plus noble du terme, de ceux qui nous font rencontrer des personnages aux trajectoires captivantes (directement inspirés de l'histoire des grands parents du cinéaste, imigré russe arrivé à Ellis Island dans les années 20) et aux destinées incroyablement romanesques et romantiques, peuplés de personnages un peu insaissables (magnifique évolution du personnage joué par Joaquin Phoenix, et la perception du spectacteur va évoluer avec lui) mais qu'on suit avec une passion totale du début à la fin (c'est pour cela, que si j'accepte lorsqu'on trouve que le film puisse être un peu froid, j'ai plus de mal avec ceux qui disent s'ennuyer terriblement devant ce film).

Et puis cette histoire, tragique, dramatique, romantique en diable est portée, sublimée même, par des acteurs charismatiques, Marion Cotillard en tête, aussi à l’aise en anglais qu’en polonais, qui trouve certainement son meilleur rôle (qui a dit ce n'est pas difficile, est ce toi, chère Potzina?), dans un rôle assez proche de ceux que jouaient Lilian Gish dans les années 50-60, une de ces femmes qui essaient contre vents et mareées de se battre pour son unique but (retrouver sa soeur malade hospitalisée à Ellis Island), malgré tous les obstacles qui se mettent en travers de sa route.

A ses côtés, Joaquin Phoenix trouve ici encore un rôle où peut se déployer l’ambigüité de son jeu, avec toujours cette capacité dans son jeu à d'hésiter entre le burlesque et le drame le plus profond.

Et après réflexion, The immigrant s'avère être également poignant par ce qu'il dit sur la grandeur de la foi, la beauté de la prière et la noblesse du pardon (avec une scène exceptionnelle de confessionnal qui fait songer aux meilleurs films de Coppola ou d'Abel Ferrara).

Bref, oeuvre extremement maitrisé (trop peut-être pour certains, qui auraient préféré plus d'imperfections, et plus de vie) dont les beautés multiples se révèlent surtout après sa vision, The immigrant n'est sans doute pas du niveau des chefs d'oeuvre précédents de Gray, mais ne mérite absolument pas la curée qu'il a subi, et prouve si besoin était que James Gray est indéniablement un de nos plus grands cinéastes vivants..

Commentaires
R
Merci pour ce concours. James Gray est grand!
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B
oui, ton enthousiasme est modéré par rapport au mien... d'ailleurs, nous n'avons pas forcément eu les mêmes enthousiasmes cette année alors qu'au départ nous sommes portés sur les mêmes gouts et voyons quasiment pratiquement les mêmes genres de films à chaque fois :o) peut etre que la cuvée 2014 nous rassemblera plus ? bonne soirée à toi ...
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M
J'ai bien aimé sans toutefois crier au génie, mais comme tu le dis la photographie est vraiment belle et Marion Cotillard, que je n'aime pas toujours, se débrouille plutôt bien!
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C
Pour ma part j'ai beaucoup aimé ce film même si j ai été contrainte de le voir en VF et que c était franchement catastrophique et pénible!
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B
ah oui j'ai un peu laissé parler mon coeur pour cette chronique là, mais je ne me voyais pas faire autrement pour parler de James ..:o) oui le rattrapage en DVd s'imposera cher Nio!!
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