big brotherTroisième de ma liste de prérentrée sur les 5 romans les plus attendus de la rentrée littéraire (ne reste plus que Le Fils  de Philip Meyer et Peine Perdue d'Olivier Adam, deux pavés en perspective), "Big Brother" signait en cette rentrée littéraire le

La narratrice du roman, Pandora est mariée à Fletcher et vit  avec les deux enfants de ce dernier confortablement grâce aux revenus provenant de l'entreprise de marionnettes qu'elle a montée.
Pandora a un grand frère jazzman, Edison, qu'elle n'a pas revu depuis 4 ans et lorsqu'elle apprend qu'il est dans la dèche et quasiment SDF, elle décide de l'héberger pour un temps. Mais lorsque,  elle découvre que son frère a pris plus de 100 kilos, qu'il est méconnaissable et quasiment impotent, Pandora reçoit un électrochoc.
Que va-t-elle faire face à ce frère devenu handicapé ?Le secourir, faire comme si de rien n'était en le regardant du coin de l'oeil se goinfrer ou le laisser se suicider à grand renfort de lipides et de glucose ? Comment va-t-elle gérer le fait que Fletcher, son mari un poil psychorigide sur tout ce qui concerne la nourriture, déteste son frère obèse ?
plus que jamais, la romancière américaine sait doser sa plume dans le fiel et l'acuité pyschologique, afin de parvenir à trouver ce mélange qui n'appartient qu'à elle à dresser des portraits psychologiques particulièrement fins et justes sur chacun des personnages avec des situations très réalistes et très cinglants sur un sujet qui dérange. A ce niveau là, son talent n'a aucun égal, à part peut-être Laura Kasischke dans un registre plus réaliste, moins fantastique.

Assurément, Big Brother ne plaira pas à tout le monde, car sa réflexion sur la société d'abondance et sur les limites du dévouement pour autrui n'est pas vraiment des plus consensuelles et des plus aimables et pourrait géner des personnes qui ne partagent pas forcément la vision particulièrement cinglante de l'auteur sur le sujet.

Mais aussi dérangeant soit il, Big Brother reste un excellent livre qui soulève beaucoup de questions, avec autant de passion que d'intelligence, parfait alliage entre satire et tragédie, noirceur et drôlerie. 

Et un roman où l'on ne cesse d'éprouver des sentiments changeants pour les personnages, tant ceux ci ont de l'épaisseur psychologique.

Et si le retournement de situation (vraiment surprenant) de la fin laisse peu d’espoir sur le coté hypothétique d’un régime éventuel, le livre reste quand même plus subtil qu'une simple charge féroce sur l'obésité. Voilà  en tout cas une oeuvre très percutante, qui donne d'irrémédiablement des envies d'en débattre avec d'autres lecteurs dès qu'on a fini la dernière page du roman, ce qui est l'apanage uniquement des grands romans, ce qu'est indubitablement ce Big Brother.