Baz'art  : Des films, des livres...
1 septembre 2015

La belle saison se prolonge dans les salles de cinéma

 belle saison

"Le cinéma c'est de l'art de faire faire de jolies choses à de jolies femmes."

Mon cher comparse Michel, qui tel un Pierre Tchernia des temps moderne, est capable de vous réciter à brûle pourpoint toutes les citations de l'histoire du cinéma (c'est pas pour rien qu'on gagne tous les blind tests cinéma qu'on joue sur Lyon, on forme une équipe du tonnerre :o) m'a soufflé par SMS cette citation que j'ignorais sur Truffaut, en me disant qu'elle serait parfaitement appropriée pour une chronique sur "la belle saison", un film que nous avons vu séparément, mais adoré tous les deux ( cette osmose est assez rare pour être signalé).

Car assurément, dans la belle saison, nous avons de jolies filles- les délicieuses et excellentes Cécile de France et Izia Higelin-qui font de bien jolies choses, et ce à tous les niveaux ( rien de plus joli qu'une émancipation amoureuse et politique, n'est ce pas? :o)

Personnellement, j'ai vu cette belle saison dès le début du mois de juillet, lors d'une avant première lyonnaise en présence de la cinéaste Catherine Corsini, et j'ai tellement aimé le film que je n'ai pu que le conseiller à mon collègue de blog.

de france

 Il faut dire que j'aimais déjà beaucoup l'univers de Catherine Corsini, son cinéma intimiste et sensible, même dans son versant plus comédie à ses débuts , avant de prendre un virage plus dramatique avec Partir et les trois mondes, un film assez méconnu que j'avais pourtant nettement défendu lors de sa sortie.

Mais assurément cette Belle Saison est le plus film le plus réussi et le plus maitrisé de son auteur, tant il touche profondément, aussi bien dans sa première partie, plus solaire, plus militante, plus exalté que dans sa seconde, plus romanesque, plus mélodramatique, plus bouleversant aussi ( avec notamment une magnifique scène de séparation dans une gare, moi qui ai toujours adoré ces scènes là).

Le film parvient d'abord à séduire aussi pour sa veine autobiographique, en parvenant à brasser mélodrame amoureux et souvenirs personnels, les personnages joués par Cécile de France et Izia Higelin s'appellent Carole et Delphine, en hommage à Carole Roussopoulos et Delphine Seyrig, cofondatrices en 1982 avec Ioana Wieder du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, «premier centre de production et d’archivage de documents audiovisuels consacrés aux femmes».

Là où La vie d'Adèle, autre grand film français sur les amours saphiques, qui a certainement - directement ou non- ouvert la voix à Catherine Corsini, était réalisé avec une fièvre et une rage inhérente au cinéma de Kechiche, cette Belle saison, filmée avec plus de classisime ( avec des plans plus larges évidemment que chez Kechiche) est évidemment plus solaire et moins contemporain, même si la grande force du film est de réussir à rendre universelle cette histoire se déroulant au début des années 70.

Contrairement à pas mal d'oeuvres sur les années post-soixante-huitardes comme après mai d'Olivier Assayas “Né en 1968”, le film qu'Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Catherine Corsini parvient à rendre parfaitement juste  sa reconstitution de l'époque tout en réussissant à lui trouver de belles correspondances avec notre époque actuelle. 

Ce qui réunit les deux protagonistes principales du film,  Carole (Cécile de France) et Delphine (Izïa Higelin), ce sont d'abord, à Paris, les actions militantes du MLF. Pour Delphine, venue du fin fond de sa campagne limousine, c'est une découverte, et pourtant, et c'est aussi ce qui fait l'intelligence du scénario du film, c'est la petite campagnarde, qui affirme son homosexualité et qui initie Carole, la parisienne pourtant libre et assumée qui vivait une relation hétérosexuelle sans se poser de question.

 "La belle saison" est donc avant tout une magnifique histoire d'amour, pleine de sensualité et d'émotion, mais c'est aussi c'est aussi l'histoire d'une époque ou les femmes avaient bien peu de place dans la société, et Catherine Corsini réussit largement à allier ces deux films sans que cela ne fasse artificiel ou plaqué. Les deux versants du film, l'un plus lumineux, l'autre plus sombre autour de  deux êtres qui savent que, pour qu'il persiste, leur amour doit demeurer clandestin cohabitent parfaitement pour aboutir à un dénouement déchirant et doux amer qui sied à merveille.

La belle saison nous narre ainsi une magnifique histoire d'amour entre deux femmes, dans lesquelles les scènes d'amour physique indispensables, comme chez Kechiche sont filmées ici sans  aucune complaisance, mais avec grande beauté, un grand naturel que n'aurait pas renié notre cher Truffaut.

Evidemment, la réussite du film doit aussi beaucoup au jeu de ses actrices principales,  loin des clichés et des stéréotypes, Cécile de France  dans un rôle de lesbienne à l’opposé de celui qu’elle tenait dans « L’Auberge espagnole » et ses suites, y est lumineuse et vraiment épatante,et Izia Higelin, à la fois vulnérable et conquérante, confirme tous ses espoirs placés en elle. N'oublions pas non plus de citer la toujours géniale Noémie Lvovsky, formidable ( n'en déplaise à Pierre Murat qui trouve qu'elle en fait des tonnes) dans un rôle  de mère aimante mais qui a du mal à accepter ce qui est trop complexe à appréhender pour elle.

Bref, cette belle saison histoire d'amour vibrante, partagés entre éclats de bonheur démonstratifs et sensibilité à fleur de peau est un de ces très beaux films français de 2015 qu'une sortie en plein mois d'aout n'a sans doute pas aidé à faire connaître au plus grand nombre. Le film joue encore pas mal, précipiter vous histoire de prolonger cette belle saison, malgré la rentrée qui pointe son nez!!

Bande-annonce : La Belle Saison

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