Baz'art  : Des films, des livres...
1 décembre 2015

Mia madre, le dernier et bouleversant journal intime de Nanni Moretti..

 

20150412031228__c_SacherFilm_Le_Pacte

Le dimanche 15 novembre dernier, pendant ce weekend forcément terrible qui a suivi les attentats de Paris, nous sommes quand même allés, Michel et moi, à notre traditionnel rendez vous du ciné brunch du Comoedia, une des rares manifestations culturelles qui était maintenu, et même si l’ambiance était forcément particulière, nous n’avons que pu apprécier le film surprise qui y était projeté.

 Ce film, c’est Mia Madre, le nouveau film de Nanni Moretti  qui sort en salles demain, et j’avoue que j’avais pris le pari avant la séance que ce soit lui le film surprise tant ce nouveau long métrage de Moretti  qui a dans l’ensemble énormément plu aux festivaliers lors de sa présentation en compétition officielle avait tout pour plaire aux spectateurs du Comoedia.

 Il faut dire que le nouveau Moretti est un très grand et très beau film, qui arrive à concilier comme rarement cinéma d’auteur intelligent exigeant et cinéma populaire accessible et  émouvant, contrairement à d’autres films sur le douloureux sujet de la maladie d’une personne âgée, comme le " Amour" d’Haneke (que le jury cannois présidé par Moretti avait primé, bien que celui ci ne l'aurait pas défendu), d’un abord bien plus froid et austère.

 Mia madre est construit autour de la vie de Margherita (la vraiment formidable et méconnue en France Margherita Buy), et de sa sphère à la fois professionnelle et intime puisque cette cinéaste qui est en train de tourner un film avec une vedette américaine capricieuse (l’hilarant John Turturro), est également en train de perdre sa mère qui s’éteint peu à peu.

20150412031343__c_SacherFilm_Le_Pacte

 Car plus que la peur de perdre le contrôle de son film, c’est la lente mais cruelle agonie de sa mère qu’elle ne peut accepter, redoutant terriblement le jour d'un au revoir impossible.

 Mia Madre va ainsi enchaîner dans un montage d’une apparente simplicité,  mais toujours empreinte d’une belle émotion, les scènes de tournage et celles de veille à l’hôpital, dans lesquelles Margaritha va elle-même se chercher et tenter d’échapper à l’inéluctable disparition de sa mère,  mais sans pour autant réussir à cacher son désarroi devant l’affaiblissement et les pertes de mémoire de cette dernière. 

 Il faut savoir que Nanni Moretti, au moment du tournage de Habemus Papam son précédent film,  était lui-même en train de perdre sa mère et que  cela donne au film un côté terriblement intime et poignant, loin de la froideur qu’on aurait pu craindre et qui est parfois le lot des films en compétition officielle sur la croisette.

mia-madre-photo-551422137cd49

Basculant avec une belle aisance,  comme seules les grandes comédies dramatiques savent le faire, entre rire et émotion, le Mia Madre de Moretti qui propose une projection de l’auteur italien dans la peau d’un alter ego féminin, brasse avecbeaucoup de subtilité et de classe quelques thématiques déjà apparues dans sa filmographie, en  mêlant comme il sait le faire, imaginaire et éléments autobiographiques.

Après "La Chambre du fils", le cinéaste italien s’empare à nouveau du deuil, mais alors que dans la Palme d'Or 2001, il exorcisait une peur terrible, celle de perdre un enfant, ici il aborde une expérience plus commune, la mort d’une mère,  étape importante d’une vie, qui, aussi obligée soit elle, n’en est pas moins profondément douloureux.

Moretti ausculte cette épreuve une maestria qui touche au cœur et qui fait de chaque plan une tranche de vie à l’émotion si palpable empreint d’une grande pudeur et d'une belle sensibilité.

On apprécie notamment la belle utilisation du cinéaste des scènes oniriques et de certains délicats retours en arrière qui dessinent sans jamais  la souligner la relation de Marguerita avec sa mère. Ainsi sur un sujet souvent rebattu, Moretti arrive à traiter son récit fr manière non académique,  tout en rendant son sujet profondément accessible et universel pour le spectateur.

Composée de trois  beaux portraits de femmes de trois générations différents, ce Mia Madre, rempli de belles interrogations sur le sens de notre vie les vraies questions sur le sens à donner à sa vie est assurément un des plus beaux films de Cannes 2015 que j’ai pu voir jusqu’à présent- même s’il en reste 3-4 à voir- … il semble donc assez incroyable que le jury de Cannes ait pu le rater..…

 

Commentaires
D
Bonjour, le film est bien fait, bien joué mais je l'ai trouvé pesant, lourd quant au sujet. Les scènes d'hôpital m'ont rappelé de mauvais souvenirs. Bonne après-midi.
Répondre
Pour en savoir plus

Webzine crée en 2010, d'abord en solo puis désormais avec une équipe de six rédacteurs selon les périodes. l'objectif reste le même : partager notre passion de la culture sous toutes ses formes : critiques cinéma, littérature, théâtre, concert , expositions, musique, interviews, spectacles.

 

Contact de l'administrateur

Envoyer un mail à l'adresse suivante : philippehugot9@gmail.com 

Visiteurs
Depuis la création 7 541 047
Hallucinations collectives
 

HALLUCINATIONS COLLECTIVES

2024

-17ème Édition-

'Le festival de l'autre cinéma à Lyon'

Du 26 mars au 1er avril, le festival Hallucinations Collectives vous invite, pour la 17ème fois, à arpenter la face méconnue de la cinéphilie. 

https://www.hallucinations-collectives.com/

 

Festival du cinéma européen à Meyzieu

Le Festival de Cinéma Européen de Meyzieu est un événement annuel qui célèbre les films et les talents de cinéastes européens.

Il présente une sélection de films européens récents en avant-premières, allant des grands succès commerciaux aux films indépendants les plus innovants. Il y a des sections compétitives pour les longs métrages et les courts métrages, ainsi que des sections hors compétition pour les films de réalisateurs établis.

https://www.cinema-europeen.fr/

Festival des caravanes d'Afrique

La 17ème Edition du Festival Caravane des Cinémas d’Afrique aura lieu du 5 au 14 avril 2024 au Ciné Mourguet et dans 30 salles partenaires en Auvergne-Rhône-Alpes.