Dès sa sortie au mois de février aux États-Unis, le remarquable Get Out, qui sort chez nous le 3 mai 2017, dans les salles françaises, a fait l’effet d’une véritable bombe en s’imposant comme l’un des films d’épouvante les plus réussis de ces dernières années.
L’humoriste Jordan Peele (du tandem comique Key and Peele) signe en effet une première œuvre particulièrement audacieuse, qui aborde, de plein fouet cette part de racisme plus ou moins latent qui persiste dans certaines communautés d’outre-atlantique.
Succès surprise au box-office, Get Out s'avère être un long métrage ambitieux et nécessaire, un film écrit par un un afro américain qui parle de la crainte fossilisé depuis des générations chez les Black en Amérique, sans haine mais avec détermination.
Le film était présenté la semaine passée en avant première au Festival des Hallucinations collectives - Michel l'a vu à cette occasion et nous dit pourquoi il faut absolument voir cette petite bombe venue pratiquement de nulle part :
Ils sont tellement mignons tous les deux, Chris, jeune afro-américain, photographe en devenir, Rose, jeune WASP du sud que l’on imagine finir de brillantes études. Leur amour est tout neuf, à peine quatre mois.
Quatre mois, n’est-ce pas un peu tôt pour passer un weekend entier chez les parents de la belle se demande Chris ? Surtout qu’ils ne sont pas au courant de la couleur de peau du boy-friend, mais Rose est rassurante et sure d’elle.
Bon, il y a bien ce petit incident au cours voyage et la confrontation d’un policier au racisme ordinaire, mais nous sommes en Alabama, rien de bien inquiétant donc.
En effet, Rose avait raison, monsieur et madame Armitage sont d’adorables démocrates éclairés, ils auraient voté Obama une troisième fois s’il avait pu : Lui neurochirurgien, elle psychologue, un fils qui finit sa médecine, un couple de domestique dévoué, noir et alors ! Une grande maison dans un grand parc, pas de voisin, une vraie carte postale, charmante, tout à fait charmante, un peu trop charmante peut-être.
Surtout qu’au détour d’une phrase Chris apprend que le papa de monsieur Armitage, athlète émérite, a très mal vécu d’avoir été battu par Jesse Owen aux JO de Berlin en 1936. Hé oui Chris tu avais raison, quatre mois c’était un peu tôt pour être présenté à la belle-famille, tu aurais dû te méfier.
Une comédie romantique qui vire au fantastique, « Mon beau-père et moi » réalisé par David Cronenberg sur un scénario de Mary Shelley rewrité par Margareth Mitchell, ça vous tente dis comme cela, pas vrai?.
Et Get Out est encore plus que cela : c'est un vrai film d’auteur engagé et sincère dotée d'une image léchée, de beaux et bons acteurs, Katherine Keener et Bradley Whiford notamment sont formidables, leur inquiétante bienveillance fiche vraiment la pétoche. Un film qui arrive à point nommé, comme un passage de relais entre l’Amérique progressiste de Barak Obama et l’Amérique rance et moisie particulière de Donald Trump.
Un film de son temps, hélas, mais aussi un film intelligent qui a du succès, voilà aussi une bonne nouvelle, étonnante, mais quand même plutôt réjouissante en ces temps obscurs..