On vous a parlé la semaine passée lors d'un jeu concours autour du film de Mariana, (Los perros, en V.O) le film de la chilienne Marcela Said, son deuxième long-métrage après L'été des poissons-volants.
Un film formidable à voir en salles dès mercredi prochain qui dit beaucoup sur une bourgeoisie chilienne mal remis des démons de la dictature de Pinochet.
Lors de son passage sur Lyon fin novembre où elle était venue présenter son film au cinéma le Comedia, j'ai eu la chance- et j'étais tout seul de rencontrer la cinéaste qui a gentiment répondu à toutes les questions que j'ai voulu lui poser sur son très beau film.
L'interview sera en ligne dès mercredi mais avant un petit mot quand même sur ce très beau film
Mariana est une bourgeoise mariée passionnée de chiens. Elle voit son professeur d’équitation, pour lequel elle éprouve une étrange fascination, accusé d’avoir commis sous Pinochet des crimes à l’encontre d’opposants au régime.
Poursuivi « depuis quarante ans », l’homme est victime de harcèlement par d’invisibles agresseurs (sa voiture est incendiée), et reçoit les visites fréquentes de policiers chargés de recueillir des informations en vue de son procès prochain.
"Los perros", le titre original du film ( plus percutant que celui choisi pour la sortie France), cela désigne ien évidemment les militaires qui ont été chargés des basses besognes pendant la dictature de Pinochet, qui ont été » utilisés » comme deschiens pour faire le sale boulot et plus généralement ceux qui ont collaboré avec le fascisme, ou ceux qui en ont plus ou moins directement profité.
Alors que de l'extérieur on aurait pu penser que le retour de la démocratie au Chili survenu maintenant il y a 25 ans atténue les inégalités sociales, le long métrage de Marcela Said démontrent au contraire qu'elles sont de plus en plus marquées et notamment, parce que les classes dirigeantes qui ont toujours soutenu Pinochet se sont largement enrichies sous sa tutelle, sans jamais en avoir été inquiétées contrairement aux militaires qui ont été trainés devant la justice.
En réalisant cette charge nuancée et complexe, Marcela Said cherche avant tout à traiter la complicité des civils avec la dictature.
Les militaires qui ont fait le sale boulot ont été les seuls à être condamnés et à payer aujourd’hui et Mariana cherche- et parvient largement- à raconter cette injustice et à faire réfléchir son spectateur sur l'identité des vrais coupables et des victimes dans cette histoire.
ON voit à travers ce film à quel les pays d'Amérique du Sud restent hantés par son histoire particulièrement douloureuse, avec la dictature de Pinochet .
Car , en marchant dans les traces de L’Histoire officielle, qui se passait en argentine, "Mariana" revient sur les sombres années de dictature remontent à la surface et font craquer le vernis des apparences d'un Chili déchiré entre passé encombrant et libéralisme exacerbé.
Ouvrir les yeux et accepter de mesurer et de renoncer à ses privilèges : c’est l’une des questions centrales de ce très beau film à ne pas rater dès mercredi prochain en salles.