Ce vendredi soir aux Nuits de Fourvière, la compagnie Circa nous a offert une version totalement revisitée de son Sacre du printemps, qui a mis un vrai coup de neuf à la composition de Stravinsky,
Cette compagnie australienne de cirque nouveau a proposé en effet un Sacre du Printemps entièrement porté par l’énergie primitive de la musique de Stravinsky -jouée fabuleusement par l’Orchestre National de Lyon invité pour l'occasion .
On peut ainsi voir à quel point dans ce spectacle alliant cirque traditionnel et plus moderne, le cirque traditionnel donne à la troupe son langage et ses attitudes, et le cirque contemporain les en libère et permet de créer de nouvelles expériences, et de trouver de nouvelles significations.
Pour preuve, ces 35 minutes de corps tout en ricochets et cascades s’entremêlant au rituel palpitant invoqué par la partition tribale du compositeur.
Mi-danse, mi-acrobatie, leur spectacle nous donne l’impression de n’être pas né sur la même planète que cette troupe et on ne peut être qu'admiratifs des mouvements, contorsions, portées, sauts mais aussi respirations : à croire que ces hommes et ces femmes ne semblent pas être faits comme nous autres, le terme extra-ordinaires prend toute sa dimension en les regardant faire .
Tout parait tellement simple pour eux : grimper le long d’une barre fixe (remember la corde à noeud) et varier les angles de son corps avec ; marcher sur les mains de ses compagnons et s’élever vers le ciel en même temps que ses mains ; faire de son corps un élastique, de la pâte à modeler ou au contraire une matière qui semble incassable; plier ses membres dans tous les sens…
Si la musique classique accompagnant les danseurs-acrobates soulignait certains mouvements et leur conférait une dimension poétique, on peut parfois être un peu géné ar l’inadéquation entre le tempo du Sacre du printemps et la brusquerie des mouvements des artistes.
On préferera largement le « ballet » final (le ballet de couperin de Maurice Ravel) séquence bien plus déchirante, dans laquelle les danseurs semblaient à tour de rôle appeurés, affolés, électricés, se jetant au sol comme s’ils jouaient leur vie aux Nuits d’été de Berlioz interprété par la mezzo soprano Isabelle Druet mettant en scène seulement les danseuses.
Au final, on ne peut que rester sans voix devant les prouesses époustouflantes de cette troupe australienne.Myenne
crédit photo : nuits de fourvière/ @Paul_Bourdrel.
LE SACRE DU PRINTEMPS- 28 et 29 juin 2018
CIRCA ET L’ORCHESTRE NATIONAL DE LYON
LE SACRE DU PRINTEMPS, Igor Stravinsky
LES NUITS D’ETE, Hector Berlioz
LE TOMBEAU DE COUPERIN, Maurice Ravel
CIRCA avec l’Orchestre national de Lyon