MRL 18 : « Le Malheur du bas » d'Inès Bayard :percutant et dérangeant !
"Son mari lui apporte une tablette de petites pilules et un verre d'eau. Elle voudrait arracher ce sourire de son visage, lui peler la peau, faire disparaitre toute sentiment de satisfaction chez lui. Il doit partir, déposer un baiser sur le front de sa femme comme un encouragement à ce qui se prépare. Elle va dormir toute la journée.Enfin le sommeil. Elle ne sera plus là quelques heures."
Bonne pioche cette année aux Matchs de la Rentrée Littéraire que je fais tous les ans avec Rakuten (ex Price Minister) !
En effet, cette année j'ai reçu "Le malheur du bas" de la jeune Inès Bayard, qui, à tout juste 26 ans, a eu l'immense privilège de figurer sur la première liste du Prix Goncourt, qui a livré ses secrets ce jour.
Un roman qui ne pouvait pas vraiment gagner, car il faut un peu trop penser, sur le fond et la forme au roman , de Leila Slimani, « Chanson douce " qui a été lauréat il y a deux ans, mais qui n'en demeure pas moins parfaitement réussi.
« Le Malheur du bas » d'Inès Bayard est un drame psychologique d'autant plus dérangeant qu'il s'inscrit dans une veine particulièrement réaliste, rendant la descente aux enfers de cette pauvre Marie," héroïne" du Roman de Bayard, aussi cruelle que terrifiante.
Marie est une femme heureuse, comblée par son mari, Laurent, depuis plus de dix ans qui envisagent d'avoir un enfant, et tout explose le soir où elle se fait violer par un de ses chefs au bureau..
Après ce drame, Marie souffre dans son corps puis le corps oublie mais pas sa tête ni son âme qui prennent le relais. Et Marie va peu à peu sombrer dans une névrose toute intérieure, car personne ne verra rien, tout au moins au début car à un moment, forcément, cet enfer que vit Marie aux tréfonds d'elle, va se voir, et comme on connait dès le début du roman l'épilogue tragique, on sait qu'aucun happy end ne sera possible.
C'est donc pas le dénouement qui interesse le lecteur, mais le le processus qui a menée Marie à ce drame terrible, et le récit, exclusivement au présent de l’indicatif, rend la tragédie aussi déchirante qu'inéluctable.
Plus que le viol et ses effets sur une jeune femme, ce que nous donne à voir "Le malheur du bas" est le portrait au scalpel dans l’intimité d’un couple après un tél événement.
Un roman choc et poignant sur les relations homme-femme aujourd'hui, la place de la femme dans la société moderne qui prône tant l’égalité des sexes, la violence du sexe, le rapport au corps,; des problématiques d'autant plus d'actualité dans cette période Me Too.
Des thèmes (loin du film les chatouilles sur un sujet proche) qui sont traitées très frontalement, avec une violence et un pessimisme qui refroidriont quelque peu les âmes sensibles mais qui ne peuvent que réjouir les amateurs de romans qui interpellent et grèvent quelque peu le confort du lecteur .
Un texte percutant et étonnant qui font inconstestablement partie des bonnes surprises de cette rentrée littéraire.
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