« Ce qui frappait à première vue c’est que dix jours après la découverte du corps de Jean Seberg, le congrès américain avait interpellé le FBI sur son rôle dans la disparition de Jean Seberg. La réponse du FBI détaillait toutes les actions qu’il avait menées contre l’actrice. Les fédéraux reconnaissaient avoir informé le 19 mai 1970 une journaliste spécialisée dans le colportage de ragots que Jean Seberg avait eu un enfant illégitime avec un dirigeant des Black-Panthers. Edgar Hoover s’était servi de cette informatrice pour jouer sur les nerfs de l’actrice. Jean Seberg accoucha d’un enfant mort-né et décida de l’enterrer dans un cercueil transparent pour prouver à l’opinion publique que l’enfant était bien de race blanche. »
Un écrivain américain mais parisien, très parisien, dilettante comme seuls les écrivains germanopratins savent l’être, reçoit un beau matin un courrier contenant deux photos de Jean Seberg accompagné d’une phrase mystérieuse : « elle ne s’est pas suicidé, elle a été assassinée ». Jean qui ??? se demande le lecteur lambda et peu cinéphile de 2019.
Jean Seberg, l’actrice météore choisie parmi 18 000 jeunes filles pour incarner Sainte Jeanne dans le Hollywood du code Hays. Jean Seberg à jamais Cécile la narratrice de Sagan qui apprivoise la tristesse.
Jean Seberg qui n’a pas 20 ans et fait déjà la couverture de Cahiers du Cinéma. Des quoi ??? Les Cahiers du Cinéma, la revue de tous les cinéphiles, la bible qui adoubait ou déchiquetait les metteurs en scène en cette deuxième moitié du XX ème siècle. Jean Seberg pour toujours petite vendeuse du New-York Herald Tribune sur les Champs Elysées.
Jean Seberg luttant depuis l’adolescence contre la ségrégation raciale. Jean Seberg première actrice engagée qui joue sa vie à chaque film. Jean Seberg et ses maris si puissants et si différents. Jean Seberg, femme libre poursuivi par le FBI jusque dans sa vie la plus intime. Jean Seberg disparue tragiquement à l’âge de quarante ans. Jean Seberg icone oubliée.
Alain Mamou-Mani et Antoine Lassaigne font revivre Jean Seberg avec pudeur et talent.
Cette tendresse entre chaque mot devient contagieuse et le lecteur séduit ne peut que tomber amoureux de ce beau visage au regard triste. Entre biographie, autofiction et polar paranoïaque les deux auteurs s’en donnent aussi à cœur joie pour égratigner joyeusement le monde littéraire et l’industrie du cinéma. Instructif et distrayant.
A bout de souffle~Jean-Paul Belmondo~Jean Seberg~Sans Amour
Kill Jean, Comment ils ont tué Jean Seberg. Antoine Lassaigne, Alain Mamou-Mani.
Balzac Éditeur. 184 pages, 20 euros.