« Sœur Lucy dit à Sally qu’un bon mari était une bénédiction – un bon mari qui allait au travail tous les jours, ne dilapidait pas son salaire au bar ou sur les champs de courses, ne battait pas ses enfants et ne traitait pas sa femme en esclave – mais une bénédiction rare à tout le moins. Elle dit, Même un bon mari est capable d’épuiser sa femme. Elle dit, Même une bonne épouse est susceptible de se transformer en sorcière ou en poivrote ou, pire, en bébé ou invalide, afin de tenir son très bon mari à l’écart de son lit. »
Annie, une jeune veuve enceinte est recueillie par sœur Lucy. La jeune femme pourra élever son bébé en sécurité en échange d’un travail à la buanderie du couvent. La vie est dure pour une mère sans mari dans la grande ville.
Des vies minuscules au début du XXe siècle à Brooklyn.
De minuscules existences en suivant les tournées et les pas des petites sœurs de pauvres de l’ordre de la Miséricorde. Une saga familiale, un récit d’apprentissage, un roman historique sur la petite communauté catholique irlandaise de New-York, « La neuvième heure » est tout cela à la fois.
Sur le papier c’est presque un pari impossible. Raconter une ville et un quartier à travers la vie d’une génération de nonnes. Tout un univers de solitude et d’abnégation pour retracer une époque. Le pari est largement gagné.
Alice McDermott est une brodeuse de phrases, chaque chapitre, qui sont autant de nouvelles, est un minutieux travail d’observation. L’écrivaine tisse un formidable ouvrage qui parle de la douleur d’être femme dans un monde de pauvreté.
Un passement solide et beau composé du fil précieux de plusieurs destins humains. De petites histoires de l’Amérique qui assemblées fabriquent une grande et belle histoire de l’humanité.
La Neuvième heure est parue aux éditions La Table Ronde en avril 2018.
Parution en poche chez Folio le 12 mars 2020.