Dans tous les films qui devaient sortir en salles et qui ont du trouver une autre porte de sortie depuis la seconde fermeture des cinémas , The Nightingale 2e long-métrage de la réalisatrice et scénariste australienne Jennifer Kent (après le terrifiant Mister Babadook, Frand Prix du Festival de Gerardmer 2014) nous semble de loin être celui qui aurait vraiment mérité d'être vu en salles.
On vous explique pourquoi :
Tasmanie, années 1820. Claire, une prisonnière irlandaise qui sert une garnison de l’armée britannique, est violée par un groupe de soldats qui, au passage, tuent son mari et son bébé.
N'ayant plus qu'une idée en tête : partir à la recherche de ses bourreaux pour se venger, elle va un peu contre son gré s’allie à un guide aborigène nommé Billy pour tenter de les retouver.
Tourné en 2017, sorti dans certains chanceux pays en 2018, présenté à la Mostra de Venise, après une projection visiblement très houleuse , ce qui ne l'empecha pas de décrocher le Prix Sépcial du Jury The Nightingale, le nouveau film de Jennifer Kent est une oeuvre aussi éprouvante qu'admirable qui dépasse largement le genre du rape-and-revenge dans lequel il aurait pu s'inscrire en lisant le scénario.
À l’écriture du scénario, deux questions essentielles se sont visiblement imposées à la réalisatrice : quelles sont les alternatives possibles à la violence et à la vengeance ? Comment préserver notre humanité dans nos heures les plus sombres ? Tourné dans les somptueux décors naturels de Tasmanie, Jennifer Kent y répond très brillament en propulsant son rape and revenge intelligent et foudroyant au cœur de la forêt tasmanienne du XIXème siècle.
Certes, et le film est très loguqmenent interdit aux moins de 16 ans, The Nightingale n’épargnera au spectateur aucune scène cruelle - infanticide, viols, meurtres- filmée la plupart du temps avec une âpreté et un réalisme difficilement soutenables.
Toutefois, sa violence résultant d'une vengeance sourde et impitoyable qui irrigue son héroïne principale n'est jamais gratuite, d'autant plus qu'elle s'inscrit dans un contexte géopolitique tres fort, permettant à la cinéaste de se préoccuper du sort, ô combien révoltant, des aborigènes, à une époque où ces derniers étaient sauvagement décimés par l’armée anglaise et visiblement aussi néerlandaise.
Magnifiquement mise en image par le choix de cadre en 4:3, la caméra de Jennifer Kent exploite de formidable façon son décor sauvage, un peu à la manière du cinéma d'un Werner Herzog, avec qui la filiation semble assez évidente.
Aisling Franciosi, vue dans Game of Thrones, porte tout le récit sur ses épaules et elle y est fabuleuse de rage plus ou moins contenue et de fébrilité.
Sa rencontre avec Billy- fabuleux Baykali Ganambarr, danseur aborigène qui joue ici pour la première fois en tant qu’acteur, avec qui elle partagera ce désir de se rebeller face aux soumissions et avilissement subis toute leur vie par les puissants- constitue une des clés de la grande réussite du film à la portée féministe et contemporaine évidente.
Un cinéma qui prend au tripes et qui mène une reflexion très interessante sur la place de la femme dans les sociétés ultra machistes, voilà qui ne peut que nous séduire et même nous enthousiasmer !
Le film est actuellement visible sur OCS ,
EN VOD, BLU-RAY et DVD DÈS LE 15 AVRIL 2021 chez Condor films
On l'a attendu plus de 2 ans pour le voir chez nous mais cela valait le coup de patienter : #TheNightingale 2e long-métrage de la réalisatrice australienne Jennifer Kent (Mister Babadook) est une oeuvre saissisante et percutante à la portée féministe et politique formidable. pic.twitter.com/61l4iAbnEi
— Baz'art (@blog_bazart) March 14, 2021