« La dernière fois qu’on l’avait vue, elle portait un haut blanc à capuche. Une brume planait bas au-dessus de la lande et le sol était durci par le gel. »
Dans un bourg anglais du Derbishire, la disparition soudaine d'une adolescente va avoir des conséquences sur l'ensemble de la vie des habitants.
Après des recherches menées par les habitants, les journalistes et la police, les chances de retrouver la jeune fille s'amenuisent progressivement . La vie reprend peu à peu son cours des choses, même si l'ombre de la disparue plane toujours et les souvenirs restent tenaces.
Encore une histoire de disparition comme dans énormément de fictions( littéraires et sérielles) de ces dix dernières années, me diriez vous ?
Oui et non car la déclinaison que propose l'irlandais Jon McGregor est assez singulière et pertinente : chacun de ses 13 chapitres épouse une année entière et prend pour symbolique le chiffre 13 : 13 réservoirs d'eau dans l'ancien village, 13 ans de vie.
Cette chronique douce amère, parfois cruelle, d’un village anglais amputé d’un maillon qui marquera au fer rouge la bourgade touche par sa grande sensibilité et sa peinture très réaliste et fort précise d'un quotidien de gens ordinaires dans un monde qui est devenu extraodinaire.
Sur une base de polar classique, Reservoir 13 laisse très rapidement de coté la dimension suspens pour détailler avec une plume étincellante la vie de ce village pendant treize ans raconté au plus près de de ses habitants, de ses paysages, dans une grande fresque aussi impressionniste que minimaliste .
«Réservoir 13», de Jon McGregor, traduit de l'anglais par Ch. Laferrière, Folio, janvier 2021