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Sheng Keyi, née en 1973 dans le Hunan, est l'une de ces nouvelles romancières chinoises très en vue  qui contribue à renouveler la littérature chinoise contemporaine.Desromans  qui traite de la condition féminine  en chine comme jamais personne ne l'avait fait auparavant.

Elle est l'auteure de nombreuses nouvelles et de six romans.On a récemment découvert deux de ses romans,   Un Paradis le  premier de ses romans qui parut en  en France en 2018 et Le goût sucré des pastèques volées disponibles tous deux depuis fin mai en version poche chez Philippe Picquier, l'expert de la littérature asiatique  .

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1/On commence par la douceur avec "Le goût sucré des pastèques volées" qui a sans doute un petit côté "La première gorgée de bière" de Philippe Delerm

Comme notre écrivain normand inventeur de l'instantané littéraire, la romancière chinoise n'a pas son pareil pour ressusciter les plaisirs et les sensations de son enfance (et nous inciter aussi à ouvrir plus grand les yeux sur toutes les sensations offertes par notre environnement).

Ce n'est pas pour autant une exhortation au bonheur et à se contenter de ce qu'on a.

Si la petite fille du roman vit à la campagne, elle s'y sent prisonnière et rêve de ce qui se passe au delà de la rivière.

Elle mange souvent à peine à sa faim et à travers elle, l'écrivaine porte un regard critique sur les conséquences désastreuses de la modernisation sur les campagnes chinoises. 

Les textes sont portées par des  illustrations de Sheng Keyi, montrant toute l'étendue de son talent ! 

 

 

Les femmes y sont désignées par des numéros, mais se donnent entre elles des surnoms de fruits, comme autrefois les courtisanes de Shanghai.
"Tout en me cherchant un nom, les femmes taquinent le petit chien noir que j'ai amené avec moi. Au milieu du repas, j'étais devenu Peche et mon chien avait été baptisé Mascotte."
Cet univers anxiogène, quasi dystopique, est vu  par l'œil innocent d'une jeune fille un peu simple d'esprit.
Le lecteur est plongé dans un univers carcéral punitif, avec des femmes marquées par la violence masculine, mais aussi par l'incroyable  solidarité des jeunes mères face aux gardes et à un directeur obèse, tout à son business de prison dorée.
Sans animosité ni colère, ce roman féministe qui fait penser à la servante écarlate le film et la série,  donne une vision féroce et crue de la société chinoise
Surtout, il dénonce avec force et un peu d'effroi le pouvoir patriarcal dans toute sa démesure- violences sur les femmes, mariages arrangés, sélection génétique - qui a cours dans la Chine contemporaine, avec des moments qui n'excluent pas pour autant la force collective et la tendresse.