Baiser ou faire des films : une histoire de l’Allemagne dans la Big Apple
Ce roman n'est pas un de ceux de la rentrée littéraire , mais impossible de passer à coté de ce rattrapage de l'été.
Après le choc de La Fabrique des salauds, le romancier allemand Chris Kraus - à ne pas confondre avec son homonyme, la romancière de I love Dick, était revenu en début d'année 2021 avec un autre grand roman dont on parle sans tarder.
" Plus d’un lecteur, pour ne pas dire plus d’une lectrice, risque de trouver certaines situations décrites au cours des pages suivantes tirées par les cheveux, voir complètement fantaisistes. Mais je crois que ces lignes sont un hommage au XX ème siècle qui touchait alors à sa fin, à ses contemporains si lointains, si grisants et grisés d’eux-mêmes, dont les désirs et les actes nous semblent étrangers, étrangers et jeunes d’une manière qui n’a rien à voir avec celle dont nous sommes jeunes aujourd’hui, en tout cas dont je le suis moi. Puma Rosen, New York le 13 janvier 2018 »
« C’est peut-être mon destin de tomber sur des héros moribonds des années 1970 en plein New York. Peut-être qu’au lieu de faire un film sur le sexe, je devrais en faire un sur la mort des hippies, tout le contraire des histoires de nazis à la con. »
Berlin 17 septembre 1996.
Comment ne pas faire un film à la con sur les nazis lorsque l’on est un jeune allemand, étudiant en cinéma.
Jonas Rosen s’envole pour New-York dans le cadre d’un voyage universitaire pour tourner un film sur le sexe et pour accessoirement rencontrer une peintre juive qui aurait été sauvée de la solution finale par son grand-père.
De rencontres en rencontres, dans le milieu Arty de la Beat Génération finissante, le jeune homme tout en essayant de réaliser un court métrage sur les lobes d’oreilles, beaucoup plus originaux que les vulves ou les pénis prévus, découvrira chez « tante Paula » une vérité sur les exactions de son grand-père.
Jonas pour croire enfin en l’avenir, il te faudra assumer le passé nazi de ta famille.
"Cheval et cavalière se sont envolés, engloutis par la pittoresque végétation et les ténèbres impénétrables de Central Park. »
Une histoire de l’Allemagne dans la Big Apple.
Candide à New-York, ou les tribulations de Jonas sur les traces de Burroughs, Bukowski ou Kerouac.
Roman d’apprentissage d’un trentenaire alourdi par le passé de son pays, « Baiser ou faire des films » est aussi le récit joyeusement désespéré de la fin d’une époque.
Baiser ou faire des films » (Sommerfrauen Winterfrauen), de Chris Kraus, traduit de l’allemand par Rose Labourie, Belfond, 328 p., 22,50 €, numérique 14 €.