atlantique

 Nièce du grand réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambéty, réalisateur de "Touki Bouki" - un film majeur du cinéma africain récompensé à Cannes par le prix de la critique internationale en 1973  -et fille  du grand musicien sénégalais Wasis Diop, la réalisatrice Mati Diop a marqué les esprits  lors du  Festival de cannes  2019 en étant la première femme noire réalisatrice à être en compétition, une primauté qui a été récompensé au palmarès par un prestigieux grand prix du Jury.

Atlantique  , premier long métrage est un prolongement de son premier  court métrage tourné à Dakar, Atlantiques (2009).   Tourné à Dakar il y a dix ans, qui racontait la traversée en mer d'un jeune migrant depuis les côtes sénégalaises.

Avec beaucoup de singularité de poésie et d’audace Mati Diop réinvente la romance à la Roméo et Juliette et y insuffle en même temps une portée sociale et un film de revenants...

Photo 3 - ATLANTIQUE

Alors que le film de migrants  a fait l’objet de pas mal de fictions différentes ces dernières années,  avec des fortunes diverses, on pense aux films de  Jacques Audiard ( Dheepan), Mahamat-Saleh Haroun  ( une saison en France)  Aki Kaurismaki ( Le Havre) ou Philippe Faucon ( Amin),  Atlantique prend un parti pris singulier par rapport à toutes ces propositions cinématographiques.

La jeune cinéaste de 35 ans  injecte ajoutez une dimension fantastique, poétique loin du sensationnalisme et la vision manichéenne qu’on a pu avoir, et dans certaines de ses fictions, et surtout par le traitement médiatique de ce sujet   

Comme elle nous l’a raconté lors l’échange qu’on a pu avoir avec elle la semaine passée (retranscription à venir prochainement)  Mati Diop avait dès le début en tête l’idée de transformer sa chronique sociale en thriller fantastique,  et ce mélange des genres contribue énormément à la grande beauté de son long métrage.

 Mati Diop évite ainsi l'écueil du pamphlet engagé pour raconter l'exil du point de vue de celles qui ne partent pas, conférant à son histoire une dimension assez mythologique avec ces Pénélope qui attendent le retour de leur Ulysse.

Photo 4 - ATLANTIQUE

À travers une histoire de fantôme aussi poignante qu’hypnotique, Mati DIOP réussit largement à greffer une dimension policière fantastique à sa fresque sociale sur ceux qui sont obligés de quitter l’Afrique  et d'atteindre cet océan.

Cet océan  est à ce propos quasiment un personnage à part entière du film, forteresse infranchissable aussi effrayante et envoutante  que le travail de la chef opératrice sublime Claire Mathon rend assez sublime.

Plus globalement, Mati Diop réussit toujours à équilibrer ses deux pôles qui pourraient s’opposer sur le papier,  entre la puissance évocatrice de son histoire de fantômes qui reviennent hanter l’esprit des vivants et sa chronique sociale sur une jeunesse sénégalaise diversifiée et attachante  qui cherche à vivre du mieux qu’elle peut.

Photo 2 - ATLANTIQUE

Les personnages réussissent à être incarnés, et c’est aussi toute la richesse du casting sauvage que la cinéaste a tenu à faire, trouvant notamment en ces deux acteurs principaux Mama Sané (absolument ravissante d’un bout à l’autre) et Ibrahima Traoré, déniché sur un chantier) un couple à la Roméo et Juliette auquel on croit fortement

Une histoire d’amour déchirante dont la douce mélodie résonne longtemps après la fin du générique.

"Atlantique "est un Grand prix du Jury à Cannes qui en aura surpris plus d’un mais qui s’avère finalement totalement mérité.

  A voir à partir du 23 septembre 

 Disponible seulement sur Ciné +

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