Lors de notre  vibrant et intense entretien  en octobre 2021 avec  l'idoine Valeria Bruni Tedeschi, on avait évoqué son long métrage Les amandiers sans savoir évidemment qu'il serait Présenté en mai dernier en sélection officielle au Festival de Cannes 2022

Vu dans la foulée de Cannes , Les Amandiers, est une déclaration d’amour au théâtre, à l’art, à la magie des mots en général qui ont le pouvoir d’enchanter nos vies
On vous propose un retour en ce premier jour du mois d'août sur ce long métrage prévu en salles en le 16 novembre prochain et qui sera  à coup sur un des événements de la prochaine rentrée cinéma...

Les amandiers  Dans ce que beaucoup s’accordent à considérer comme son meilleur film, Valeria Bruni-Tedeschi nous plonge dans ses années de formation au théâtre des Amandiers sous la direction de l'incandescent Patrice Chéreau pendant les années 80.

  Valeria Bruni-Tedeschi recrée l’ambiance de l’école d’acteurs du théâtre des Amandiers, créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans à Nanterre en 1986, et qu’elle a fréquentée au milieu de toute une génération exceptionnelle de comédiens, de Bruno Todeschini à Marianne Denicourt, en passant par Vincent Peres, Thibault de Montalembert ou Agnès Jaoui.

Les Amandiers - Photo 3 ©2022 - Ad Vitam Production – Agat Films et Cie – Bibi Film TV – Arte France Cinéma

Après plusieurs longs métrages d'inspiration semi-autobiographique, elle continue de creuser ce sillon : avec un personnage principal, Stella, s’inspirant directement de sa propre expérience,  tout en cherchant plus à retranscrire l’esprit du lieu qu’à le documenter précisément.

Seuls Patrice Chéreau (Louis Garrel) et Pierre Romans ( le trop rare au cinéma et formidable acteur de théâtre Micha Lescot) sont par exemple identifiés sous leur propre nom.

  Les jeunes comédiens de la troupe, s’ils renvoient parfois ouvertement à des personnalités connues, ne sont eux jamais nommés sous leur véritable identité, et ne cherchent pas à « ressembler » à leurs modèles

Les Amandiers - Photo 2 ©2022 - Ad Vitam Production – Agat Films et Cie – Bibi Film TV – Arte France Cinéma

Cette liberté avec la réalité permet à la réalisatrice de composer un  portrait de groupe  mu par une incroyable énergie et un bouillon d'idée et de vie perpétuel.

Les émotions sont exacerbées par ce monde en pleine mutation, dont il faut saisir toutes les promesses. Dans cet élan perpétuel, le jeu théâtral se confond avec la pulsion de vie, et Valeria Bruni-Tedeschi livre dans ce film tout ce qui semble être sa vision du jeu de comédien.

La réalisatrice capte  avec beaucoup d'acuité et d'intensité les scènes d’auditions et celles de répétitions, parfois fiévreuses, et toujours habitées, grâce au formidable talent de la troupe de jeunes interprètes dont elle a su s’entourer, de Nadia Tereszkiewicz à Sofiane Bennacer.
On est dans la chronique tendre et parfois drôle, au ton volontairement naturaliste magnifié par une image splendide, dont le grain nous replonge immédiatement dans les années 80.

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 On est fortement touchés par cette évocation nostalgique de quelque chose qui n’existe plus : le fol espoir des années 80, le laboratoire de recherches des Amandiers, la vitalité créative des premières années d’apprentissage, la fin de l'innocence, et à travers elle, quadra, quinqua que nous sommes à Baz'art, notre propre jeunesse à jamais révolue.

 Film vu lors du dernier Festival Première Vague du Comoedia à Lyon