Avignon OFF 2024: nos 10 premiers coups de coeur vus et approuvés
Alors que le Off du Festival d’Avignon se poursuit, on vous liste nos premiers coups de cœur en théatre, en lien avec les quelques jours passés en première semaine.
1.Deux frères – La Factory / Chapelle des Antonins
Renaud et André ont grandi sous le même toit, dans la même famille, au même moment. Renaud, l’aîné est régulièrement frappé par son père et André, non.
Derrière l’image calme que veut donner une famille bourgeoise, l’omertà et la violence règnent.
C’est une pièce percutante, nécessaire et d’utilité publique qui traite des violences intrafamiliales. Les quelques instants de légèreté déconstruisent la virilité et toute masculinité toxique renforcées par les mécanismes de violence.
On souligne la fluidité avec laquelle ils passent de comédiens à leurs personnages au début, tout pour un but : briser le quatrième mur et toucher le spectateur.
A 13h45 à La Factory / Chapelle des Antonins
1h10
Relâche les mardis
2. Heureux les Orphelins – Théâtre des Gemeaux
Electre retrouve son frère Oreste, œuvrant loin des siens dans un cabinet ministériel. Alors que leur mère est dans le coma, l’heure est venue de mettre des mots sur le passé afin d’affronter le présent. Mais le langage se dérobe, entre les non-dits auxquels se heurte Electre et les éléments de langage d’Oreste, esquivant la réalité ou les échecs de son ministre sur les pesticides.
L’urgence pour Electre est d'opposer les mots qui révèlent au silence qui tue. Création de Sébastien Bizeau inspirée d’Électre de Jean Giraudoux, dans laquelle on passe du tragique avec la relation mère/fils-fille au théâtre politique pour casser les codes de la communication politique.
C’était le coup de cœur du OFF 2023 avec des comédien.nes juste incroyables.
À 16H45 au Théâtre des Geneaux
1h20 Relâche les mardis
3. Poings – Théâtre des Barriques
Poings, c’est une histoire d’amour morcelée en cinq tableaux de la rencontre à la rupture, racontée à travers le point de vue d’une femme qui cherche à trouver un sens à ce qu’elle a vécu.
Poings, c’est l’histoire d’une rencontre amoureuse qui vire au cauchemar. C’est une histoire de domination, de rapport de force.
C’est l’emprise de LUI sur TOI. C’est le combat de TOI et MOI, ce duo de femmes brisées qui cherche à comprendre.
Les mots sont incisifs, le cœur est à 120bpm, le souffle est coupé par le jeu puissant des comédien.nes et le travail du son. A découvrir d’urgence !
A 13h15 au théâtre des Barriques
1h
Relâche les mardis
Relâche les mardis
4. Dévorante – Le Petit Louvre
Dans le noir comble, Eleonora Galasso déboule derrière nous par surprise, interpellant dès les premières minutes le public qui vient assister à un cours de gastronomie italienne. Gare à ceuxcelles qui arriveraient en retard !
Parler des différentes facettes de sa vie ne va pas forcément de soi, le revers peut dissimuler une partie plus lourde, telle une pièce de monnaie lancée qui ne cesse de changer jusqu’à tomber sur un côté. Pile. Eleonora reprend le tablier qu’il l’a accompagnée des années auparavant, dans son ancienne vie de cheffe et de critique culinaire.
Face. Derrière les comiques répétés de la chronique culinaire en direct, derrière les discussions aux fourneaux avec la mamma et la nonna, l’attente d’un père absent qui ne reviendra jamais à qui elle a préparé des post-it, est exposé. Le lieu est propice au dévoilement de l’intimité, il a été le témoin de l’emprise et de violences conjugales.
Eleonora Galasso est captivante, irradie la salle par sa prestance, qu’on retrouve autant dans son sourire que sa volonté de tout sortir.
A 16h35 au Petit Louvre (Salle Van Gogh) 1h15
Relâche les lundis
5. Les Chatouilles – Théâtre du Chêne noir
Odette veut devenir une grande danseuse étoile. Le meilleur ami de ses parents Gilbert veut jouer aux chatouilles. Derrière ce mot se cache les violences sexuelles tues, l’amnésie traumatique et les conséquences psychotraumatiques et conduites à risque dans lesquels tombe Odette adulte avant de solliciter une thérapeute, croisée au détour d’une plaque clouée au mur.
Si les mots ne permettent pas d’exprimer les émotions, la danse le fera. Elle l’aide à faire sauter les poings cousus sur sa bouche, et avec cela, la honte qui mine depuis des années.
Parce que l’histoire d’Odette, c’est aussi la sienne comme l’a-t-elle révélée au moment de la réalisation de l’adaptation cinématographique. Dans ce seul-en-scène bouleversant, la danse de la colère agit comme un souffle, une tempête cathartique sur le reste de la salle. La salle est à l’unisson, les émotions sont démultipliées et les larmes coulent.
A 14h au théâtre du Chêne Noir
1h45
Relâche les lundis
6.MOI JE JOUE ! Théâtre de l'Archipel 17h05
Moi je joue, c’est l’idée d’une bande de comédiens, amis dans la vie, qui ont eu l’envie de raconter leur réalité sur scène.
C’est l’histoire de Jean, Adèle, Vitto et Alison. Quatre profils très différents réunis par le même rêve d’être artiste.
"Moi je joue !" est une pièce née du désir de partager le quotidien - romancé mais fortement inspiré de faits réels - de quatre artistes bien décidés à exister dans un monde qui ne les attend pas. Bien que chaotiques, leurs parcours sont riches, parfois décevant mais tellement vivants.
Une pièce drôle et optimiste qui raconte avec pas mal d'a propos et de manière très drôle la réalité des métiers de la scène et du cinéma. la pièce parle entre autres de précarité et de difficultés du métier de comédiens, de la condition des enfants stars et même de Brigitte Bardot... avec le choix d'une jolie interaction avec le public!
Théâtre de l'Archipel 17h05 du 29 juin au 21 juillet 2024 pas de relache
7. Ils ne méritent pas tes larmes
Théâtre Le Petit Louvre (salle Van Gogh) - Festival OFF Avignon- 11h35
De Thomas SNEGAROFF
Tout part d’une photo. D’une image qui a fait le tour du monde.
Elizabeth Eckford, seule, poursuivie par une horde raciste. Et notamment
une jeune fille, Hazel Bryan. C’est le 4 septembre 1957 à Little Rock,
Arkansas, une rentrée des classes sous le signe de la fin de la
ségrégation scolaire.
lorsqu’ils se présentent devant le lycée, les neuf
enfants sont encerclés par une foule hystérique. La photographie de l’une
des Neuf, Elizabeth Eckford, 15 ans, huée et insultée, fait la une des
journaux le lendemain. Les neuf “héros” parviendront à entrer au lycée
après deux essais infructueux sous la protection de l’armée américaine et
après une intervention personnelle d’Eisenhower.
Mais ce ne sera pas la fin des problèmes. Une année scolaire sous haute
tension s’annonce... Mais le plus dur reste à venir.
Accompagné d’un saxophoniste, Xavier Bussy, dirigé par Michel Belletante,le journaliste et historien Thomas Snégaroff qui a animé plusieurs émissions de radio notamment sur France Inter passe avec brio la frontière du quatrième mur dans un spectacle sobre et élégant, qui sait aller à l'essentiel et marquer les esprits.
La musique et le texte se marient parfaitement pour plonger les spectateurs dans l’une
des pages sombres de l’histoire des Etats-Unis. Une Amérique fascinante
et terrifiante à la fois.
Un passé qui, plus de soixante ans plus tard, ne
passe toujours pas et qui semble redevenir complètement d'actualité et pas forcément de l'autre coté de l'Atlantique ..
8. La beauté sauvera le monde – Théâtre des Corps Saints
Dans le clair-obscur, une femme, Meth, apparaît portant sur son dos des livres et dans ses bras, un enfant. Elle le berce doucement, tendrement, mais rien à faire : il ne veut pas dormir. Alors, elle lui raconte une histoire, celle de la Terre d’«avant». La Terre « d’avant », elle la connaissait bien. Elle a tout fait pour la préserver.
Aujourd’hui, la jeune mère continue de la faire vivre à travers les écrits du cinéaste Jean Giono ou encore de la biologiste Rachel Carson.
Au-delà des réflexions sur les mondes d’avant et d’après, des thématiques actuelles nous interpellent : les difficultés de la recherche pour les ingénieurs et scientifiques qui doivent modérer leur parole pour obtenir les fonds, les relations entre expert.e.s et médias qui penchent entre nécessité de pédagogie et impuissance. Barbara Castin nous livre un texte puissant poétique, une ode au vivant menacé dans ce « monde d’après ». Derrière cette déclaration d’amour à ses émotions et de reconnexion à la Terre, une ènième sonnette d’alarme est tirée
A 20h40 au Théâtre des Corps Saints
1h10
9. FUNÉRAILLES D'HIVER de Hanokh Levin Théâtre de l'Adresse
Un mariage ou un enterrement ?
Un conflit de loyauté pour toute une famille, lorsque le cousin, vieux garçon tout dévoué, vient annoncer la mort de sa chère maman à sa cousine.
Latshek veut annoncer la mort de sa mère à ses cousins, eux, ne peuvent l’entendre sous peine de devoir annuler le mariage de leur fille prévu pour le lendemain.
Un enterrement aujourd'hui, impossible, la famille a vraiment un autre projet pour la journée, le mariage de la fille de la maison, quatre cents invités et huit cents poulets à rôtir.
Funérailles d'hiver est une comédie burlesque et fantastique assez haute en couleurs, autant burlesque qu'implacable, dans laquelle le tragique côtoie l'absurde le plus débridé, à l'image de l’œuvre de son auteur.
Une troupe de formidables comédiens qui savent tout faire- de la guitare, du théâtre à l'italienne..
Une mise en scène inventive, des marionnettes et des chansons, il y a tout cela sur scène du théatre de l'adresse pour ce OFF d'Avignon
Comédie de la Cie Aitvaras
13h35 au Théâtre de l'Adresse - Sauf les mardis
10. Lazzi, La Scala Provence
Philippe et Vincent, deux amis cinéphiles, ferment leur vidéoclub après 27 ans d’activité et de vie au milieu des films.
Entre légèreté et nostalgie, ils tournent le dos à leur vie de d’avant, quittent la ville où ils partageaient un appartement pour une maison à la campagne, loin de tout. Ils vivent à la fois libres et empêtrés dans leurs souvenirs, l’un veuf l’autre divorcé, abîmés par la vie. Les jours s’écoulent, ils cherchent à se réinventer, avec cette lucidité des désuets. De temps en temps, Orson Welles leur rend visite à la grille du jardin…
Magnifiquement incarné par Philippe Torreton et Vincent Garanger, Lazzi balance bon gré mal gré entre traits comiques et lancinements mélancoliques.
À coup de références cinématographiques, dans des dialogues qui font penser à du Audiard ou Dubillard, Fabrice Melquiot nous offre un hommage sensible au cinéma, comme supplément ou substitut de la vie.
Jusqu' au 21 juillet 2024 À 16h
Relâche les lundis 1, 8 et 15 juillet