Polar lyonnais: Dans l'œil de la vengeance Nathalie Gauthereau
Attention la vengeance, comme la cervelle de canut, se mange froid, entre Rhône et Saône
La disparition d'un agent immobilier, classée sans suite, aurait-elle un lien avec le meurtre sauvage d'un dentiste dans son cabinet de la presqu'ile ?
Louise, avocate en plein désarroi sentimental, Kofi le livreur à vélo qui en a trop vu, Florence la veuve opiniâtre, David le patron d'une agence de sécurité lyonnaise ne seront que les marionnettes d'un théâtre morbide mise en scène par Carl le borgne.
Mais ce n'est pas à un théâtre enfantin de Guignol auquel nous sommes invité, Carl le borgne rumine sa vengeance depuis des années et il est vraiment très en colère.
Polar déstructuré façon puzzle, l'avancée de l'enquête ne se fera que par le regard et la réflexion de chaque personnage.
Dès les premières pages le lecteur est embarqué dans un récit aussi sombre et labyrinthique que les traboules de la cité des Gaules.
Intrigue savamment construite, personnages attachants, univers urbain réaliste, " Dans l'œil de la vengeance ", même si il manque un peu de littérature pour être parfait, est un polar palpitant de très bonne tenue.
Extrait
" Il observait les gens assis sur leur banc, dans l'église. Certains chialaient, d'autres en revanche avaient l'air de s'emmerder. Son regard se posa à nouveau sur la veuve. Elle était encore bien roulée pour son âge. Avec son éloge funèbre, elle faisait pleurer un paquet de gens. Elle, la première, chialait sur la mort de son enfoiré de mari. On se mouchait et on reniflait en communion. Enfin, il y avait de l'animation ! Quand la veuve eut fini de raconter son baratin, elle descendit de l'estrade et laissa la place à ses mômes. La gamine se cala derrière le pupitre et fit glisser son masque sous son menton. Elle portait des rails de chemin de fer sur les dents, c'était vraiment moche. Son frère, lui, restait en retrait, dans les jupes de son ainée. Une vraie mauviette. La merdeuse racontait que son père lui avait transmis de vraies valeurs, comme le respect et l'amour des autres. Putain, c'étaient des conneries tout ça ! Alain Gasparo était une ordure, il lui avait gâché la vie et méritait de mourir. Peut-être qu'il en toucherait deux mots à la gamine si l'occasion se présentait. Il détestait les mensonges. "
Nathalie Gauthereau Dans l'oeil de la vengeance
paru début février aux éditions du Rouergue.