Rentrée littéraire étrangère : « Absolution », Alice McDermott
Tu n’imagines pas comment c’était pour nous. Les femmes, je veux dire. Les épouses. La phrase revient en leitmotiv tout au long d’Absolution, le neuvième roman de la fine New-Yorkaise Alice McDermott, 71 ans. Et c’est vrai qu’on imagine mal l’existence, à Saigon, en 1963, des épouses américaines dans le milieu fermé, corseté et mondain des expatriés. Y régnaient les maris diplomates, officiers, industriels, conseillers en tout genre, voire agents du renseignement.
« Absolution », d'Alice McDermott
A 23 ans, Patricia Kelly, la narratrice d' Absolution, avait pour vocation d'être la « partenaire » de Peter, mari de huit ans son aîné, ingénieur de profession, qu'elle a suivi à Saïgon. Au gré des garden-parties organisées aux abords d'élégantes villas, arborant une jolie robe en lin bleu pâle et un collier de perles, elle observe le ballet des épouses résolues à se montrer parfaites, telle l'impeccable Charlene déjà mère de trois enfants, dont l'intrigante petite Rainey…
Toute la subtilité d'Alice McDermott illumine Absolution . Son art du détail et sa finesse psychologique de l'autrice La Neuvième heure. éclatent à chaque page.
Une troublante saga d’expatriées américaines au Vietnam
Entre enjeux mémoriels, garden-parties indolentes au milieu du massacre et chronique de la vie intérieure d'une femme qui doute,
Brodé au petit point, le récit navigue entre les temporalités, Tricia – Rainey lui répondra dans la deuxième partie – saisissant des bribes qu’elle examine à la lumière des souvenirs et de l’expérience acquise.
McDermott signe l'un des meilleurs titres étrangers de cette rentrée.
Assurément l'un des plus ensorcelant.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cécile Arnaud.
Quai Voltaire, 344 p., 24 €