Revue de nouveautés en poche : La ligne de nage, La maison dorée, L'affaire Mitford
Lauréate du Femina étranger il y a dix ans avec Certaines n’avaient jamais vu la mer, la romancière américaine d'origine japonaise Julie Otsuka renoue avec un style qui n’appartient qu’à elle : une succession de petites phrases très courtes, une succession de personnages, en l’occurrence dans la première partie, les personnes qui fréquentent une piscine en sous-sol.
L’autrice arrive alors à brosser une petite communauté, des nageurs aux maîtres-nageurs, des experts aux agents administratifs.
Il est beaucoup question de mémoire dans La ligne de nage de Julie Ostuka mais pas tout de suite, le roman étant construit en deux parties radicalement différentes. La première partie se passe dans une piscine, lieu régi par un ensemble d’habitudes et de règles que l’autrice décrit à merveille tout comme l’atmosphère.
C’est tellement un univers à part pour tous les habitués qu’il est question plusieurs fois, par opposition de « là-haut' » (le monde quand on quitte cette piscine). Et puis une fissure apparait au fond de la piscine, l’inquiétude commence à poindre, puis les fissures se multiplient et la piscine ferme.
Puis dans sa seconde partie, "La ligne de nage" vire au texte poignant sur la fin de vie d'une vieille dame atteinte de démence.
Cette seconde partie nous plonge dans la vie de la mère de l’écrivaine qui perd la mémoire peu à peu jusqu’à ce qu’elle rentre dans une maison spécialisée (ironiquement nommée Belavista).
Quel est le lien avec la première partie ? Cette mère était une des habituées de la piscine et si je voulais filer la métaphore un peu lourdement je dirais qu’elle n’est plus dans sa ligne de nage, que son esprit de fissure et se noie peu à peu.
Julia Ostuka suggère parfaitement l’absurdité du rigorisme imposé à ces gens qui vont mourir et l’horreur de ce lieu où on décide tout pour vous comme si le fait d’être malade vous infantiliser totalement. Le texte, empreint de mélancolie, explore cet espace hors du temps qu'est la fin de vie quand la mémoire s'échappe, et les difficiles relations entre une mère et sa fille
Un roman aussi pudique que très touchant!
Théa, 18 ans, est le seul espoir de la famille Brandt de retrouver sa place au sein de la bonne société amstellodamoise par un beau mariage, mais elle n'a d'yeux que pour le séduisant Walter qui travaille dans un théâtre...
Le très beau "Miniaturiste" de Jessie Burton date d'il y a huit ans déjà, et cette "Maison Dorée" en est la suite.
Jessie Burton nous prend par la main et nous entraine dans les ruelles d’Amsterdam au XVIIe siècle. Dans ce conte gothique très maitrisé, la romancière nous parle de la condition des femmes, du racisme et de ce que l’on n’appelait pas encore homophobie.
"Succomber au désir de découvrir qui se trouve là, de lancer la jument en sens inverse, gâcherait la trajectoire de cette histoire. On ne peut pas vivre deux histoires à la fois. On ne peut en terminer qu'une seule. "
Un récit d'apprentissage mené avec ce qu'il faut de panache, et porté par une écriture fluide et élégante.
On recommande ce beau roman sur les nouveaux départs qui finit sur une belle fin ouverte laissant augurer une suite.... qu'on peut espérer pour un plus tôt qu'entre les deux premiers volets ?
Amsterdam, 1705. La ravissante Thea Brandt fête ses dix-huit ans. Elle représente l'unique espoir de redorer le blason de sa famille désormais ruinée.
https://www.folio-lesite.fr/catalogue/la-maison-doree/9782073043696
Avocate pendant dix ans, grande passionnée d’histoire et d’archéologie, l’Américaine Marie Benedict a écrit plusieurs romans. Après Madame Einstein et La femme qui en savait trop, L’Affaire Mitford est son troisième livre publié en France.
Elle nous embarque pour une plongée dans la plus célèbre des familles de la bourgeoisie anglaise des années 30. dans les années 1930, avec la montée du nazisme en Allemagne et du fascisme en Angleterre. avec une plongée en apnée
Nancy Mitford est l’auteure de « Charivari » et de « Tir aux pigeons » « La Poursuite de l’amour »S'attachant particulièrement à la vie de Diana, future épouse du fasciste anglais Oswald Mosley, de Nancy, écrivaine, et de Unity, fervente disciple de Hitler, l'auteure réussit à nous dépeindre l'influence grandissante du leader nazi et de ses idées en Allemagne puis en Europe et notamment en Angleterre.
Cousines par alliance de Winston Churchill et membres de l'aristocratie anglaise, les soeurs Mitford ont toujours brillé par leurs comportements atypiques et leurs caractères bien trempés.
Mais face à la montée du nazisme, l'unité de la famille se fissure inexorablement.
A la fois roman historique et biographie romancée des soeurs Mitford, le roman de Marie Benedict plonge le lecteur dans une saga familiale aux multiples rebondissements.
Tiraillés entre l'amour familial et leurs idéaux politiques, tous les membres de la famille se retrouveront à choisir un camp et à en subir les conséquences inéluctables.
Une biographie passionnante, digne d'un haletant roman, avec en toile de fond la montée du nazisme en Europe.
Qu'il apprécie les histoires de vie ou la grande Histoire, chaque lecteur se retrouvera facilement happé dans ce roman passionnant !!
L'affaire Mitford | Marie Benedict | 10/18
L'affaire Mitford, de Marie Benedict (auteur). Issues de la noblesse anglaise, les excentriques sœurs Mitford règnent sur le Londres de l'entre-deux-guerre...
https://www.lisez.com/livre-de-poche/laffaire-mitford/9782264083814