[Critique] Julie se tait : des non dits à la volée
Plutôt que de monter au filet et de dénoncer des pratiques malveillantes, le réalisateur explore tout en nuances le malaise intérieur d’une jeune joueuse qui a perdu confiance
Julie est une lycéenne discrète qui mène une vie sociale semblable à celle des jeunes de son âge.
Elle éprouve une véritable passion pour le tennis, les entraînements pour des compétitions de haut niveau rythmant son existence.
La suspension de Jeremy, son coach, à la suite du suicide d’une ancienne joueuse, va pourtant mettre Julie malgré elle, au cœur de toutes les attentions.
Résiliente, capable de continuer à s’entraîner comme si de rien n’était avec celui qui remplace son coach, elle refuse systématiquement de parler… Julie avance et se tait.
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Concernant le sujet tabou des abus de pouvoir dans les milieux du sport, on se souvient que Slalom, le premier long-métrage de Charlène Favier, l'abordait avec énormément de malice et de tact.
Julie se tait, le premier long métrage du cinéaste belge Leonardo van Dijl, poursuit ce questionnement avec autant de force mais avec un cible sans doute un peu moins grand public.
Cette fiction, parfois proche du documentaire possède la grande ’intelligence de respecter les ellipses, les non-dits et le silence de son sujet pour mieux cheminer autour d’elle.
À la fois pudique et intense, " Julie Se tait" repose sur la confrontation entre la force destructrice des non-dits et le danger de la prise de parole vis-à-vis de notre identité profonde, de notre intimité.
Chaque plan, réfléchi au millimètre près, est tourné vers la protagoniste, en proie à un tourment intérieur, sous pression des éléments extérieurs.
Plutôt que de monter au filet et de dénoncer des pratiques malveillantes, le réalisateur explore tout en nuances le malaise intérieur d’une jeune joueuse qui a perdu confiance
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Le travail sur le son et sur l'image est particulièrement prégnant et confère un diffus sentiment de malaise et une tension qui va crescendo.
Le film est une expérience qui risque de marquer durablement le spectateur par ses longs plans fixes, par son silence et par la profondeur du personnage principal, sublimement incarné par Tessa Van den Broeck.
Un des grands films de ce mois de janvier 2025
En salles le 29 janvier 2025