5 Questions à Sandrine Kiberlain, pour son rôle dans "Sarah Bernhardt, la divine"
Sandrine Kiberlain est comme on l'a jamais vu devant la caméra de Guillaume Nicloux, en incarnant avec éclat l' actrice, icône du XIX e siècle, « Sarah Bernhardt, la divine" de Guillaume Nicloux,
L’actrice-réalisatrice était présente à Montélimar en octobre dernier pour présenter "Sarah Bernhardt, la Divine".
On a pu recueillir ses impressions rapides mais forcément passionnantes sur ce tournage assez hors normes
Je ne prépare vraiment les rôles. La veille de jouer Anne dans Les Barbares, je ne savais pas comment je la ferai. La veille de jouer Sarah, je ne savais pas comment j’allais la jouer. Et puis la voix est arrivée, puis la tenue, l’allure, le rythme, le rire… Il faut juste se jeter à l’eau.
En fait, je me nourris de ce que je lis même pour un personnage qui a existé mais qui reste flou dans la tête des gens. On n’a pas un, mais plein de visages de Sarah Bernhardt et ça, ça m’arrange bien. J’étais très libre d’imaginer son énergie, sa folie, son exubérance, sa passion. »
J'ai vite oublié le mythe et tous les superlatifs, c'est intimidant comme vous dites et surtout ça ne sert à rien.
Il ne faut pas l'imiter physiquement déjà. Qu'importe qu'elle soit brune, blonde ou rousse ! Pas question d'imiter sa voix non plus.
Ce qui est intéressant, c'est ce que j'ai appris d'elle dans le scénario de Nathalie Leuthreau et de transmettre aujourd'hui sa modernité. Il me fallait insuffler son énergie, sa folie, sa grandeur.
Après avoir visité l'an dernier, avec Guillaume Nicloux, l'exposition qui lui était consacrée au Petit Palais, j'ai engrangé tout ce qui pouvait me nourrir - lettres, photos, biographies -, m'imprégner du personnage afin de m'abandonner à lui, de le restituer le moment venu. Et pouvoir dire comme elle à ses proches, avant de monter sur scène : "Laissez-moi, il faut que je me quitte". »
Dépassée, je ne dirais pas ca, mais j’ai le sentiment d’être allée dans des endroits que je n’avais pas explorés, que j’ai été loin dans certaines émotions, parce qu’elle était dans une démesure que je n’ai pas.
Cette démesure, j’ai été la chercher sans l’avoir connu avant. Et c’est totalement jubilatoire.
Pas vraiment, Guillaume m’a beaucoup aidé tout en me laissant libre. Un jour, il est venu à la maison.
On a parlé de tout sauf du scénario. Lui ne savait même pas que j’apprenais le texte avec une répétitrice mais le fait d’avoir passé un moment ensemble, de se faire confiance a joué beaucoup.
La confiance, c’est l’outil majeur d'une relation entre une actrice et le metteur en scène. De toute façon, comme je vous l'ai dit, la copier ou l’imiter n’était pas le propos du film. Il s’agissait de la retranscrire, et surtout ne pas la trahir.
Mais il fallait être à la hauteur de sa liberté, de son énergie, de tous les états par lesquels elle passe.
Quand ils ont lâché le lynx en me laissant seule dans la pièce, je me conditionnais en me disant : « On a encore trois semaines de tournage, ils ne sont pas fous, il y a de quoi leur faire confiance. »
Mais quand j’ai vu le lynx repérer les morceaux de viande jusqu’à ma méridienne, qu’il est monté à côté de moi et qu’il s’est frotté à moi, je me suis dit que j’étais folle : un coup de patte pouvait me défigurer pour toujours.
Finalement, c’était intéressant parce que j’ai pu mesurer la façon dont Sarah Bernhardt vivait avec un puma au bout d’une laisse, un alligator à ses pieds, des chouettes…
Et puis ça m’a beaucoup amusé parce que c’est totalement insolite de tourner des scènes pareilles. Mais le plus dur a été de tourner avec un serpent car pour le coup j'en ai une sainte horreur et cela n'a pas été une partie de plaisir, loin de là!!!
Photos : Xavier Bouvier, de l'écrit à l'écran et Fabrice SCHIFF- Baz'art
Sarah Bernhardt, la divine" est en salles depuis le 18décembre 2024