Théâtre à Lyon : Et j'en suis là de mes rêveries : Guiraudie au théâtre, ça donne quoi??
Adapter le roman du cinéaste Alain Guiraudie : voilà l’excellente idée du jeune Maurin Ollès qui s’était penché sur l’autisme avec Vers le spectre.
De la comédie au polar, sur les pas d’un homme aux mille vies
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Jacques, la cinquantaine chômeuse, un peu syndicaliste et beaucoup cycliste, est toujours très étonné du désir qu'il suscite auprès des humains qu'il croise lors de ces ballades quotidiennes sur sa bicyclette, comme par exemple ce restaurateur débonnaire, sa femme, accorte et future veuve et leur grand dadais de fils. Et ce curé du village frotteur qui ne sait pas trop ce qu'il veut. Jacques admet le, tu es un objet de désir, tu n'as vu " Théorème " de Pasolini ?
Alors Jacques nous interpelle et nous prend à témoin, et être témoin de la petite vie de Jacques, le gay fataliste, c'est une sacrée aventure, car ses rêveries ont une heureuse ou fâcheuse tendance à devenir réalité.
Héros priapique, ballades bucoliques et mycologique en forêt, ascension à deux roues du " Col de l'Homme Mort " ( nous apprendrons très bientôt la signification de ce sinistre qualificatif ), spiritualité chrétienne à géométrie variable, veuve consolable, turgescence inopinée et ruralité LGBT, nous sommes bien dans l'univers merveilleux d'Alain Guiraudie, notre magicien d'Oz aveyronnais du cinéma et maintenant du théâtre.
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L'inconnu du lac ", " Viens je t'emmène ", " Le roi de l'évasion ", " Ce vieux rêve qui bouge ", " Pas de repos pour les braves ", " Rester vertical " et surtout " Miséricorde ". Éros et Thanatos à jamais indissociables, Maurin Ollès réussit la gageure de réunir et de mettre en scène toute l'œuvre de Guiraudie l'inclassable sur la scène de la Célestine.
" Et j'en suis là de mes rêveries " est drôle et tragique à la fois, gay et triste aussi et dans cet harmonieux chaos humaniste Pierre Maillet soliloque avec un sacré talent et les interventions inopinées de Maurin Ollès, en curé câlin ou en policier magnanime et tout deux brulants de désir inabouti, sont absolument réjouissantes.
Du théâtre joyeusement humaniste et gentiment philosophique sur la solitude de nous pauvres frères humains, du théâtre qui donne envie de découvrir ou redécouvrir les films d'Alain Guiraudie.
Et j'en suis là de mes rêveries
Alain Guiraudie, Maurin Ollès
6 – 17 mai 2025