Margaret, Elsie, Phoenix, Cedar, quatre femmes à Winnipeg, Manitoba.
Quatre femmes d'une même lignée autochtones d'Amérique du Nord et cinq années de leur vie pour raconter près d'un siècle de vie Amérindienne.
Au Canada la vie de cette communauté est un éternel combat. Combat pour exister dans un monde où les natives et les natifs sont peu considéré.
Que transmet-on à ses enfants lorsque l'on se sent toujours rejeté et oublié et que l'on doit se battre pour tout simplement exister ? De mères en filles ce serait l'histoire d'une colère tue, mais jusqu'à quand peut-on taire sa colère ?
" Les filles de la famille Stranger " est un récit d'une importance capitale. Comme l'état des lieux d'un pays, le Canada, qui n'en finit pas d'ignorer la souffrance du peuple autochtone qui semble n'avoir jamais à faire de bons choix.
Katherena Vermette écrit sec et direct, rien ne nous sera épargné de la violence subit par ses héroïnes malmenées par le monde extérieur. Mais le roman est aussi traversé de formidables moments d'émotion, de solidarité ou d'amour tout simplement, car Katherena Vermette sait aussi écrire tendre et touchant.
Une saga familiale intimiste, un bon gros et magnifique roman humaniste idéal pour cet été.
Les filles de la famille Stranger " Katherena Vermette Albin michel
Extraits :
Dès l'âge de quatorze ans, Margaret se mit à sortir. Au début c'était quelques heures ici ou là puis ses absences se prolongèrent. Elle marchait jusqu'à Main Street et faisait ensuite du stop pour se rendre dans le centre-ville. A l'époque, il y avait des dancings et des clubs de jazz et parfois elle réussissait à y rentrer -- elle faisait plus âgée, plus blanche. Il arrivait aussi qu'elle soit refoulée et qu'on lui suggère d'aller dans les bars indiens, plus accueillants, mais ça ne l'intéressait pas. Elle voulait être sur son trente et un et voir du beau monde. Des gens qui avaient un peu d'argent et possédaient tout ce qu'elle ne possédait pas. Elle apprit très vite à bien parler et à bien s'habiller. Elle alla même jusqu'à se teindre en blond vénitien et utilisait des rouleaux tous les soirs pour que ses cheveux indisciplinés soient ondulés juste ce qu'il fallait. Tout ça lui coûtait une fortune, au grand désarroi de sa mère. Mais Margaret s'en fichait. Elle n'arrêtait pas de se refaire les racines afin que la couleur de ses cheveux ait l'air naturelle. "
" " Les enfants autochtones se suicident plus que n'importe quel autre groupe de par le monde. C'est vraiment triste. Les anciens nous apprennent que nous sommes sacrés, que chaque personne, chaque chose, chaque animal est sacré, et que nous devrions honorer nos ancêtres en essayant de bien vivre. C'est pas de notre faute si nous sommes aussi tristes. C'est à cause de tout ce qui se passe autour de nous, de tout ce qu'on nous fait. On vit dans un monde qui nous valorise pas et ne nous montre pas qu'on est aimé. Mais on l'est. Par nos ancêtres."
J'étais toute petite quand elle m'a expliqué ça. Je ne savais même pas ce qu'était un ancêtre.
Je n'étais pas capable de remonter très loin dans le passé, pour moi ça se résumait à maman, à ma Grand-mère Margaret et à Grandmère Annie, c'est à dire aux membres les plus âgés de la famille. Les autres, je ne pouvais que les imaginer. "