Baz'art  : Des films, des livres...
9 octobre 2025

Fantasmagloria - Un rêve en clair-obscur, entre éclats de lumière et désillusion jazzy


Sous des airs de cabaret d’après-guerre et les échos feutrés d’un jazz club new-yorkais, Fantasmagloria nous transporte dans un univers envoûtant où le rêve et la réalité se frôlent jusqu’à se confondre.

Avec des décors minimalistes mais terriblement évocateurs, ce spectacle prouve qu’il suffit parfois de peu pour faire naître la magie : quelques lumières bien placées, une poignée d’artistes habités, et l’imagination du public fait le reste.

Dès les premières minutes, nous voilà plongés dans la chambre d’un homme : un rêveur, un romantique, un timide aspirant à écrire sa vie dans la lumière tamisée d’un cabaret de jazz. Il a un projet fou — ouvrir son propre club — et quatre muses, véritables égéries du spectacle, vont donner corps à cette utopie.

Très vite, la salle s’embrase : les numéros s’enchaînent, les chorégraphies électrisent, les voix s’élèvent. L’énergie est communicative, l’esthétique impeccable. Comme dans un kaléidoscope, tout bouge, scintille, se transforme sans cesse. Les costumes — particulièrement les fameuses robes “abat-jour à franges”, clin d’œil délicieux aux icônes rétro — ajoutent une touche d’humour et de raffinement.

 

Mais sous les paillettes affleure la fragilité du rêve. Le succès, l’opulence, la tentation… les muses se laissent happer par la lumière trompeuse du cabaret : alcool, jeu, illusions. Le créateur, lui, demeure fidèle à son idéal et à l’amour qu’il porte à l’une d’elles. Grand romantique, il finit par lui avouer ses sentiments — avant de découvrir, avec une douleur poignante, que cet amour n’est pas partagé. Celle qu’il aime ne voit en lui qu’un moyen, qu’une source d’argent et de reconnaissance. Le cœur du rêveur se brise, non pas par lassitude, mais par lucidité. On ne lui retire pas son amour, on lui ouvre les yeux.

La mise en scène, toute en contrastes, joue merveilleusement de cette tension. Les décors épurés laissent toute la place aux interprètes, dont la folie et la générosité explosent littéralement sur scène. La musique, elle, est un personnage à part entière : tour à tour exaltée, mélancolique ou envoûtante, elle puise dans un répertoire éclectique, de Lady Gaga à Julie London (Cry Me a River), de Michel Berger à Mylène Farmer, jusqu’aux Moulins de mon cœur. Chaque chanson devient un miroir de l’âme des protagonistes, un fragment de ce rêve qui se fissure.

“Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité.” La citation de Saint-Exupéry, placée en ouverture, résonne longtemps après la dernière note. Fantasmagloria nous rappelle, avec poésie et fougue, qu’à force de rêver sa vie, on risque d’oublier de la vivre — que même les existences moins sublimes ont leur beauté, leur intensité propre.

Et pourtant, le spectacle glisse une ultime vérité, plus douce-amère : s’il est souvent possible de concrétiser ses rêves, il existe un domaine où leur réalisation dépend d’un autre — celui de l’amour. Car aimer, c’est aussi espérer que l’autre partage nos désirs, nos élans, nos utopies. Et parfois, malgré toute la sincérité du cœur, l’autre ne suit pas. Dans ce domaine-là, nul effort, nulle volonté ne peut suffire. Alors, peut-être faut-il accepter que certains rêves ne se réalisent pas — et que c’est précisément dans ces rêves impossibles que se niche notre salut. Car rêver, dans ces instants-là, permet de supporter la dureté du réel.

En sortant de la salle, une seule envie demeure : poser, à notre tour, la première pierre de nos propres rêves. Tout en gardant à l’esprit que si la vie nous échappe parfois, le rêve, lui, demeure — fidèle, lumineux, et nécessaire.

 

Maxime Dorian

le spectacle musical FANTASMAGLORIA d'Antoine NYA est  pour 2 dates exceptionnelles les mardis 7 ou 14 octobre à 21H au Palais des Glaces 37 Rue du Faubourg du Temple 75010 PARIS 
Commentaires
Qui sommes-nous ?

 

Webzine crée en 2010, composé d'une dizaine de  rédacteurs qui partagent  la même envie : transmettre notre passion de la culture sous toutes ses formes : critiques cinéma, littérature, théâtre, concert , expositions, musique, interviews, spectacles....

Visiteurs
Depuis la création 8 068 339

 

­

 

 

Focus sur le festival chéries-Chéris (15-25 nov) aux cinémas MK2 bibliothèque, beaubourg et quai de seine.

Au programme de cette 31e édition, 75 longs métrages et 76 courts inédits venant des quatre coins du monde, renvoyant à notre volonté continue d’explorer, expérimenter, les nouveaux territoires queer.

 

31e festival du film LGBTQIA & +++ de Paris, du 15 au 25 novembre 2025 - Chéries-Chéris

 

 

FESTIV·IEL

 

jeu. 13 → sam. 29 novembre 2025

Le Théâtre de la Croix-Rousse (TXR) organise la 5e édition de Festiv·iel, son temps fort annuel dédié au féminisme inclusif, aux cultures queer et aux questions de genre et de sexualité. Depuis sa création en 2021, Festiv·iel est devenu un événement incontournable et unique en France, rassemblant plus de 5000 spectateur·ices en 2024 ! 

Festiv·iel ambitionne de lutter contre les discriminations et les violences, d’encourager l'empowerment individuel et collectif – notamment féminin – et d’offrir un espace de réflexion et de célébration. Il promeut des valeurs de sororité, d’écoféminisme et de déconstruction du patriarcat.   

 

 

 

46ème Festival du Film Court de Villeurbanne du 11 au 16 novembre 2025

 

L’Association pour le Cinéma et l’équipe du Zola organisent  la 46ème édition du Festival du Film Court de Villeurbanne, du 11 au 16 novembre 2025.

 

--

Les compétitions se tiendront les mercredi 12, jeudi 13 et vendredi 14 à 18h15 et 21h.

La compétition animation aura lieu le jeudi 13 à 21h.

Au programme, 6 compétitions internationales et animation, 3 programmes spéciaux, des rencontres et masterclass.

 

Festival du Film Court - Cinéma Le Zola

 

 
 
 

Nous contacter

Une adresse mail :

philippehugot9@gmail.com 

Newsletter
159 abonnés