WAR ON SCREEN- Retour sur 4 films de la compétition : road trip et trajets intérieurs
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La 13e édition du festival international de cinéma War on screen, qui se consacre exclusivement au thème de la guerre sur grand écran, a eu lieu du 6 au 12 octobre à Châlons-en-Champagne avec une cérémonie de clôture qui s'est déroulée hier à 18 heures.
Venir sur place pour couvrir même en un seul weekend le festival aura permis de vérifier une chose : les films présentés ne montrent pas de représentations explosives de la guerre, puisque la quasi majorité des films diffusés présentent des histoires très humaines, mettant en scène des personnages dont les destins sont liés aux conflits évoqués en toile de fond.
Les conflits servent ici plus comme un arrière-plan ou une toile de fond pour explorer des histoires humaines complexes.
Et lors de cette édition 2025, une tendance semblait largement se dégager : l'importance du road trip comme illustration évidente du parcours intérieur des protagonistes. Aller d'un point A à un point B et essayer aussi bien de se comprendre et également, de contourner les dangers et éceuils liés aux situations de conflit.
Quatre films présentés en compétition ( parmi ceux qu'on a eu la chance de découvrir) ont invité le spectateur à prendre la route sur les traces de ses héros et de mieux comprendre les zones de conflits traversés en arrière plan.
Les trois premiers films de cette sélection, qui ont tous été primés hier soir au Palmares, montre la guerre à travers le regard d'enfants, creusant les sillons d'une histoire a priori insouciante, mais toujours avec la guerre en toile de fond.
Forcément, le conflit ne sera pas forcément traité avec la précision et l'analyse poussée que pourrait avoir un adulte, mais ce traitement à hauteur d'enfants est intéressant dans le sens où il fait confronter horreur de la guerre et insouciance de la jeunesse.
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C'est évidemment le cas avec Les Fleurs du manguier* , drame d’Akio Fujimoto suivant deux jeunes frère et sœur qui quittent un camp de Rohingyas du Bangladesh pour rejoindre la Malaisie, dans l’espoir de retrouver leur famille.
On s'en rend très vite compte, Les fleurs du manguier n’est pas un récit fictif traditionnel avec une intrigue nette et précise et des personnages qui évoluent au gré d'un vrai développement narratif.
Le long métrage de Fujimoto s'avère être plus un parcours totalement imprévisible de l’épreuve à laquelle les enfants sont confrontés lorsqu’ils traversent les frontières et perdent des membres de leur famille — et du peu d’informations précieuses qu’ils ont sur leur destination finale.
En tant que tel, il est difficile de se connecter émotionnellement aux personnages, ce qui fait que le film se voit moins comme une fiction que comme un documentaire aussi impressionnant qu'un peu froid la plupart du temps.
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Ce troisième long métrage du cinéaste japonais sera à l'affiche de nos salles ( distribué par Arizona) au premier semestre 2026.
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*Prix du Public WOS 2025
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Encore des enfants perdus en pleine situation conflictuelle avec . My Father’s Shadow* d'Akinola Davies Jr, qui représente un premier pas prometteur dans une direction nouvelle pour le Nigeria, un pays dont les productions n' arrivent que très rarement dans nos contrées.
Le film, qui revient sur les élections présidentielles nigérianes de 1993 (un moment capital dans l'histoire du pays, chargé d'espoir de voir enfin un changement vers plus de démocratie) est plus traditionnel dans sa construction que les Fleurs du manguier mais du coup il est plus incarné et passionnant.
On s'attache très fort à ses deux jeunes enfants qui découvrent à la fois émerveillés et inquiets cette mégalopole assez incroyable qu'est Lagos.
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Akinola Davies Jr, nigérian désormais installé en Angleterre, tire un film semi autobiographique d'une grande beauté qui rend un bel hommage à son pays et à ce Lagos filmé ici avec une poésie et une sensualité évidente.
Et le film, pas loin du Aftersun de Charlotte Wells qui cherche à faire revivre le souvenir d'un père disparu à travers une journée de complicité pas comme les autres, émeut terriblement.
Le film, mention spéciale à la Caméra d'Or, lors du dernier festival de Cannes, sortira en salles le 25 mars 2026 et c'est le prestigieux distributeur Le Pacte qui sortira, convaincu du beau potentiel grand public de ce très beau et puissant de ce long métrage dont on reparlera à sa sortie.
* Prix du Jury presse WOS 2025
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Encore une histoire de trajet que doit suivre une jeune enfant, elle aussi incroyablement attachante, dans un pays en plein tourment dans The President's Cake de Hasan Hadi*, justement récipiendaire de la caméra d'Or du dernier festival de Cannes.
En l'occurrence, on est ici plongés dans l’Irak de Saddam Hussein, dans laquelle Lamia, 9 ans, se voit confier la lourde tâche de confectionner un gâteau pour célébrer l’anniversaire du président. Sa quête d’ingrédients, accompagnée de son ami Saeed, va totalement bouleverser son quotidien. Utilisant cette quête comme un prétexte pour cartographier l'Irak de son enfance, Hasan Hadi nous montre une Irak complètement atrophiée par la politique économique punitive des USA et par le joug du régime autoritaire de Sadam Hussein
Tourné intégralement en Irak avec des acteurs non professionnels, le film impressionne par sa rigueur formelle.
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Fadi capte avec acuité un territoire humain et paysager rarement filmé et souvent magnifique : visages creusés, ruelles poussiéreuses, canaux marécageux. Le film raconte pleinement l'absurdité d'un monde ou tout se marchande et se vend, même quand on ne possède rien ou si peu.
Réussissant à faire surgir la beauté au milieu des ruines. , cette œuvre parfois fragile mais forte montre à quel point le cinéma peut devenir devient acte de mémoire et d’insoumission.
C'est Tandem films qui sortira en salles le film le 4 février prochain, et là aussi on reviendra dessus à cette occasion.
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*Mention spéciale du Jury presse
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*Mention spéciale du Jury international
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Encore un road trip mais cette fois ci à travers le regard d'une adulte, avec Le pays d'Arto qui nous fait suivre les traces de Céline (Camille Cotin, la seule tête familière de notre sélection) qui se rend au début des années 2020 à Gjumri, en Arménie.
Son mari Arto est décédé et elle a besoin des documents de son pays d'origine pour officialiser le décès.
Le voyage de Céline prend cependant une tournure inattendue lorsqu'elle découvre avec stupeur qu'Arto lui a menti sur son passé.
La Française apprend qu'il a combattu sous un autre nom lors de la première guerre du Karabakh, qu'il était responsable de la mort de nombreux soldats et qu'il est recherché comme déserteur. Céline veut en savoir plus sur l'autre identité de son mari et se rend avec Arsine (Zar Amir Ebrahimi) sur d'anciens champs de bataille du pays.
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Ce regard bienveillant sur un conflit presque oublié est réalisée ' par une Arménienne née au Liban Tamara Stepanyian tient à mettre en lumière le déracinement et la souffrance.
Le voyage à l'origine purement administratif de Camille Cotin en Europe de l'Est sert de véhicule à des rencontres avec toutes sortes de personnes et de paysages arméniens. Si en tant que road trip, le film peine un peu à prendre son envol, ce voyage réparateur à travers un époux qui n'avait pas livré tous ses secrets, réussit à imprimer sa marque au fil des rencontres que Céline fera dans cette Arménie finalement assez méconnue des occidentaux que nous sommes.
Dédié aux représentations du conflit au cinéma et dans les jeux vidéos, le Festival War on Screen tiendra sa prochaine édition du 2 au 8 octobre 2023 à Châlons-en-Champagne
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